Hernando CALVO OSPINA
Il s'agit d'une des situations les plus absurdes, incohérentes, farfelues, aberrantes, insensées, et illogiques que les plus hauts représentants du régime étasunien ont commises aussi loin que je me souvienne...
J'allais vous raconter quelques lois et réglementations absurdes qui ont été créées aux États-Unis, qu'elles soient fédérales ou étatiques. J'étais presque au bout de mon texte quand il s'est passé quelque chose qui m'a fait rire aux éclats, tant cela m'a semblé irréel.
Il s'agit d'une des situations les plus absurdes, incohérentes, farfelues, aberrantes, insensées, et illogiques que les plus hauts représentants du régime étasunien ont commises depuis que j'ai mémoire. Il en existe sans doute des milliers d'autres, mais cet épisode me paraît tellement, mais tellement puéril que, plus le temps passe, plus j'ai du mal à y croire.
Le fait a déjà été largement commenté et analysé. Tous les médias du monde en ont parlé, mais peu ont remis en question la version officielle. Comme cela me semblait irréel, et tout à fait dans la ligne de ce que je préparais à écrire, j'ai décidé de l'inclure ici. Mais je continuerai aussi en vous rapportant une petite sélection de bêtises produites dans ce pays qui se présente comme le « phare de l'humanité ».
Le 2 septembre dernier, le président Trump a annoncé au monde que ses forces armées avaient détruit un « navire » chargé de milliers de tonnes de « poison » en route vers les États-Unis. Quand j'ai vu les images - montrées avec fierté à la télévision - j'ai éclaté de rire. Le « navire » n'était en réalité qu'un "peñero", un bateau de pêche typique du Venezuela, reconnaissable par sa proue pointue. Savez-vous combien de carburant il faut pour franchir, au minimum, les 2 200 kilomètres qui séparent le Venezuela des États-Unis ? Ceux qui possèdent une voiture ou un bateau peuvent le calculer facilement. Alors, dans un espace aussi réduit que celui de cette embarcation, il est impossible d'installer une telle capacité de réservoir : le poids même la ferait sombrer.
Marco Rubio, secrétaire d'État et apparemment « l'architecte cérébral » de cette opération, a tenté de corriger en affirmant que « l'attaque létale » (selon ses propres termes) avait été menée contre une embarcation qui dirigeait vers Trinité-et-Tobago. Là, cela pourrait paraître plus crédible, puisque la distance entre le Venezuela et la première île de la nation trinidadienne n'est que de 16 kilomètres. Mais l'histoire ne colle toujours pas : lui et son chef ont insisté pour dire que l'action avait eu lieu en eaux internationales. Ils ont complètement oublié qu'entre ces deux nations, il n'existe pas d'eaux internationales, neutres, mais uniquement des eaux partagées.
Depuis près d'un mois, huit navires de guerre ultramodernes stationnent face aux côtes vénézuéliennes. Avec eux : des avions de chasse transportant 2 200 missiles, des hélicoptères d'assaut, des avions espions, un sous-marin nucléaire et 6 700 marines. Tout cela pour un coût approximatif de 7 millions de dollars par jour. Un tel déploiement militaire est prétendument destiné à stopper - encore une fois - le trafic de cocaïne et autres « drogues immondes », selon l'expression de Trump. Et seul résultat montré : la destruction d'une simple barque !
Pourquoi, dans les images, manquent des données aussi élémentaires que la date et l'heure de l'action ? Autre détail curieux : le Pentagone, qui est le ministère de la Défense de ce pays, n'a rien dit. Sans doute par honte.
Une autre question simple : aussi audacieux soyez-vous, oseriez-vous traverser cette zone avec un bateau plein de cocaïne, sachant qu'un tel déploiement militaire vous attend ? Trump aurait pu demander conseil sur la manière dont se mènent ces opérations au président colombien Gustavo Petro, dont les autorités ont une grande expérience dans ce domaine (il faut reconnaître que ce gouvernement a démontré qu'il était possible de lutter contre le trafic de drogue avec une grande constance).
Même à moi, il aurait pu demander conseil ! Je lui aurais expliqué comment s'intercepte une embarcation : on l'entoure de navires et d'hélicoptères, on tire des coups de semonce... et forcément elle s'arrête. Cela a été prouvé mille fois. Ils auraient ainsi capturé 11 supposés « narco- terroristes » du groupe vénézuélien "Tren de Aragua", pour les montrer et les interroger, ainsi que les « tonnes » de « marchandise ». Mais non : ils ont bombardé la barque, noyé la drogue et assassiné 11 possibles témoins. En somme, effacé toute preuve. Le lendemain, le 3 septembre, lors d'une conférence de presse au Mexique, Marco Rubio a été interrogé sur son affirmation selon laquelle il s'agissait de « produits toxiques » transportés par le « Tren » et sur ordre du président Nicolás Maduro. Il n'a rien répondu. Rien !
Juste qu'il fallait attendre l'explication des militaires. Mais comme je l'ai dit, le Pentagone ne semble pas pressé de prendre la parole sur cette mise en scène grossière, sans doute inventée par Rubio lui-même qui, rappelons-le, a une grande expérience, ayant côtoyé la mafia de la contre-révolution cubaine en Floride. Celle-là même qui l'a parrainé et propulsé. Sans compter qu'il a vécu plusieurs années à Miami dans la maison d'un cousin, grand trafiquant de drogue.
Reagan et Bush père, son vice-président, avaient mieux joué en lançant la « guerre à la drogue » dans les années 1980. Plusieurs « opérations » spectaculaires se sont ensuite révélées mensongères grâce à des recherches officielles postérieures, mais au moins elles semblaient crédibles pour l'opinion publique - et pour beaucoup elles le restent encore. Pauvre Trump, j'ai presque pitié de ce marchand à la grande gamelle.
Mais continuons à explorer d'autres absurdités produites par cette nation. Il est vrai que toute l'histoire des Etats-Unis est truffée de décisions extravagantes de ses dirigeants politiques. Ils ont créé quantité de réglementations et de lois idiotes qui surpassent celles de n'importe quel autre pays. En voici quelques exemples (et oui, ne riez pas, c'est sérieux !) :
Si vous possédez un éléphant et que vous vous promenez avec lui en Floride, estimez-vous heureux, car si vous l'attachez à un parcmètre, vous paierez le même tarif que pour votre voiture (dans laquelle vous l'avez peut-être transporté). À Atlanta, par contre, si votre animal de compagnie est une girafe, sachez qu'il est illégal de l'attacher à un lampadaire ou à un poteau téléphonique. Dans le Missouri, il est interdit de voyager avec un ours vivant dans sa voiture. Attention : en Alabama, conduire les yeux bandés est défendu.
Au Colorado, je ne sais pas pourquoi, mais la loi interdisant aux propriétaires de voitures noires de rouler le dimanche a été abrogée. À Denver, il est illégal de prêter son aspirateur à un voisin. En Alabama, il est interdit d'avoir une glace en cornet dans la poche arrière de son pantalon. À Miami Beach, on ne peut pas chanter en public en maillot de bain. Au Kentucky, chaque citoyen est légalement tenu de prendre au moins un bain par an. Au Minnesota, il est interdit de franchir la frontière de l'État avec un canard posé sur la tête.
Et aussi : si vous marchez dans une rue du Kansas avec un t-shirt rayé, vous pouvez être presque sûr qu'on ne vous lancera pas de couteaux, car la loi l'interdit. En Alabama, mettre du sel sur une voie ferrée est passible de la peine de mort. En Alaska, tirer sur un ours est légal, mais le réveiller pour le photographier est tout à fait interdit. En Floride, il est illégal de péter dans un lieu public le jeudi après 6 heures du matin. En Virginie, il est interdit d'avoir un rapport sexuel avec un animal pesant moins de 18 kilos.
Quant à la sexualité, cette société a de sérieux problèmes à ce sujet. Cela peut toutefois se comprendre si l'on se souvient que les fondements moraux de cette nation ont été établis par deux sectes religieuses fondamentalistes au XVIIe siècle.
Savez-vous que depuis les années 1970, posséder à domicile deux vibromasseurs (appelés « dispositifs obscènes » dans la loi) ou plus, est un délit en Arizona. Reste à savoir comment on contrôle la quantité... Dans plusieurs États, il ne faut pas que l'on vous surprenne à pratiquer le sexe oral, ou que l'on sache que vous l'avez pratiqué, car la loi vous punira. Être mariés ne constitue pas une excuse valable.
Washington semble épargné par cette loi, sinon Bill Clinton aurait fini en prison pour ses « aventures ». Cette affaire faillit lui coûter la présidence en 1998, car il avait nié devant le Congrès que Monica Lewinsky, sa stagiaire, lui avait fait des fellations à la Maison Blanche. Avant ce scandale, il avait menti au sujet des guerres ou des crimes contre l'humanité, se moquant même de la Constitution, mais sans en subir les conséquences.
Peut-être ignorez-vous qu'en 1986, la Cour suprême des Etats-Unis a validé la constitutionnalité de lois criminalisant la sodomie entre adultes consentants, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Des États comme la Géorgie pouvaient punir les « pécheurs » de 20 ans de prison. Même si en 2003 la Cour suprême a annulé ces lois, plusieurs États les conservent encore dans leurs codes, comme le Michigan, où la sodomie et le sexe oral restent passibles de 15 ans de prison : Il faudrait savoir comment susciter la confiance pour aller chez le médecin.
Avec de telles absurdités légales et politiques, comment a-t-on pu accorder crédit aux dirigeants de cette nation ?
Hernando Calvo Ospina