Le plan de partage de la Palestine de l'Onu est-il un échec ?

par Candice van Eijk-Vacle

Le 29 novembre 1947, l'Organisation des Nations unies (ONU) vote le plan de partage de la Palestine (résolution 181) en trois entités : un État juif, un État arabe, et Jérusalem placée sous contrôle international. Ce texte a été adopté par 33 pays (dont les États-Unis, l'URSS et la France), 13 pays se sont positionnés contre (les pays voisins de la Palestine, les pays arabes et la Grèce) et 10 pays se sont abstenus (dont la Grande-Bretagne). La Jordanie n'a pas voté car elle est entrée dans l'ONU en 1955. Les Palestiniens n'ont pas voté car ils n'avaient pas le droit de vote. 1, 2

Avant cette résolution 181 de l'ONU, la Palestine était sous un mandat britannique confié par la Société des Nations (SDN) depuis juillet 1922 ; lorsque le 14 février 1947, le gouvernement britannique «ne parvenant plus à maintenir l'ordre en Palestine et sortant ruiné de la Seconde Guerre mondiale» a décidé de remettre ce mandat à l'ONU (qui a remplacé la SDN). 3

Pourquoi, en 1947, lors du partage de la Palestine 56,47% du territoire (donc plus de la moitié) a été donné pour un État juif contre 43,53% (donc moins) pour un État arabe alors que les Arabes étaient majoritaires ? 4 En 1945, une étude montre que la population en Palestine se monte à 1 845 560 habitants, dont 1 076 780 musulmans (68%), 608 230 juifs (33%) et 145 060 chrétiens (8%), selon Wikipédia. 5

Dans la résolution 181, il n'est pas écrit que le partage de la Palestine résulte de la Shoah, du drame de l'Exodus ou de la Déclaration Balfour 6. La Shoah était-elle connue du grand public à l'époque de la rédaction du plan de partage de la Palestine ? «À la fin des années 1950, c'est la littérature qui permet à la Shoah de toucher le grand public», écrit Wikipédia 7. L'affaire de l'Exodus a eu «un poids considérable dans le partage de la Palestine entre juifs et Arabes», écrit Wikipédia 8. La déclaration Balfour de 1917 envoyée à Lord Rothschild est un engagement de la Couronne d'Angleterre à «[faire] tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation» d'un foyer national pour les juifs en Palestine. 9

Que penser du fait que ce partage de la Palestine ait été fait sans que les Palestiniens de la Palestine aient eu le droit de prendre part à ce vote ? Ce plan de partage de la Palestine, n'est-il pas alors contraire au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, un principe inclus dans la Charte des Nations unies (ONU) dès 1945 ? 10

Dès le lendemain du vote du plan de partage de la Palestine le 29 novembre 1947, la guerre civile a commencé en Palestine entre Arabes et juifs 11. Puis, la première guerre israélo-arabe a éclaté 5 mois plus tard, le 14 mai 1948 et depuis, il y a une succession de conflits israélo-palestiniens. Il y a eu une continuité de violence, de conflits ou de guerres à cause de ce plan de partage. Est-ce parce que ce plan de partage a été mal pensé, mal appliqué ? Il est un fait que ça ne fonctionne pas. Est-ce une idée que l'ONU revoit ce plan de partage de la Palestine ?

Le point 8 de ce plan de partage sous mentionné (correspondant à la création de forces de l'ordre pour prévenir des incidents) a-t-il été mis en œuvre ? Si oui, quand ? Je n'en ai trouvé trace nulle part sur internet.

«8. Le Conseil provisoire de gouvernement de chaque État recrutera dans le plus bref délai possible, parmi les résidents de cet État, une milice armée assez nombreuse pour maintenir l'ordre dans le pays et pour prévenir les incidents de frontière. Dans chaque État, cette milice armée opérera sous les ordres d'officiers juifs ou arabes résidant en cet État, mais la direction générale, politique et militaire de la milice, notamment la désignation du Haut commandement, sera exercée par la Commission». 12, 13

Ce plan de partage de la Palestine a-t-il été appliqué comme décrit sur le papier concernant ce point 8 ? Si le plan de partage de la Palestine voté n'a pas été appliqué pour ce point 8, a-t-il une valeur juridique ? Ceci annulerait-il ce plan de partage ? Le maintien de l'ordre était un enjeu fondamental pour les populations de l'État juif et de l'État arabe en Palestine mais aussi pour les relations internationales puisque dans cette résolution 181 de l'ONU est écrit : «Considère que la situation actuelle de la Palestine est de nature à nuire au bien général et aux relations amicales entre les nations». 12, 13

Si une résolution de l'ONU a pu créer l'État d'Israël, une résolution de l'ONU peut-elle défaire cette création ?

Il semble que les Israéliens considèrent la Terre sainte comme la leur, car c'est la Terre promise citée dans la Bible. 14

Les Israéliens, savent-ils qu'avant même que les juifs existent, il y avait d'autres peuples sur ce territoire appelé bien plus tard la Palestine ? Pour le territoire de la Palestine, l'université de Genève écrit qu'il y avait dès la fin de l'époque Paléolithique dite Acheuléenne (entre «1,5 million - 100 000 av. J-C») des êtres humains homo sapiens sapiens (comme nous) sur ce territoire. Puis, il y a eu des peuples de l'époque Néolithique dès 9000 avant J-C. Et ce Néolithique a été le berceau d'une révolution phénoménale : les inventions de l'agriculture et de la domestication des animaux. La Palestine d'alors correspondait donc à la partie Est du Croissant Fertile. «La fin du Néolithique [vers 4500 avant J-C, en Palestine] est marquée par l'apparition des premières céramiques». Les «premiers développements de la métallurgie» en Palestine, c'est entre 4500 et 3200 avant J-C. Encore une révolution culturelle majeure sur ce territoire. L'émergence des «premières villes-états» de Palestine correspond à l'âge du Bronze ancien de cette région à savoir 2250 à 1950 avant J-C. Encore une révolution.

Donc, il y a eu sur le territoire de la future Palestine, un développement culturel majeur, et de multiples révolutions culturelles majeures bien avant même l'existence réelle ou mythique d'Abraham «considéré comme le principal patriarche [père fondateur] des religions juive, chrétienne et musulmane». 15

Plus tard, il y a eu aussi les Phéniciens une «civilisation [de grands navigateurs] s'est épanouie dans la région entre 1200 et 300 av. J.-C.» 16. Ceci alors que «les historiens constatent l'émergence des premiers royaumes israélites aux alentours du début du Ier millénaire av. J.-C»., selon Wikipedia. 17

Les Israéliens savent-ils cela ? Les découvertes archéologiques du Néolithique peuvent-elles les amener à reconsidérer leurs croyances venant de la Bible ? La Bible n'est pas un livre d'Histoire. Netanyahou en faisant bombarder la bande de Gaza de manière méthodique, bombarde aussi le passé archéologique des Palestiniens, preuve de l'existence de cultures antérieures à celle des juifs. C'est un «culturicide» qui concerne les racines de l'humanité. 18

Lors du plan de partage de la Palestine les chrétiens auraient sans doute aussi pu revendiquer une partie de la Palestine mandataire étant donné que c'est sur ce territoire que le Christ (un juif) a vécu. Bethléem, lieu de naissance du Christ... Les Chrétiens n'ont rien revendiqué de tel, n'est-ce pas ?

Peut-être que pour apaiser les tensions sur le long terme en Palestine, en Israël et dans la région, d'une manière générale, il faudrait que l'ONU reconnaisse avoir fait un plan de partage de la Palestine injuste avec sans doute les meilleures intentions du monde (suite peut-être à l'émotion suscitée par la Shoah de 6 millions de juifs et à l'affaire de l'Exodus ?) ? LONU devrait-elle reconnaître ne pas avoir appliqué l'article 8 concernant la création de forces de l'ordre protectrices, si tel a bien été le cas ? Légalement, l'État d'Israël existe-t-il véritablement si le plan de partage de la Palestine n'a pas été appliqué et respecté (colonisation par Israël de la Palestine) ? L'ONU ne devrait-elle pas reconnaître que le plan de partage de la Palestine est un échec ?

Contexte de l'écriture de cet article

8 août 2025 - L'ancien ministre de la Défense néerlandais Joris Voorhoeve «voit une issue que personne n'a encore suggérée» à la guerre de Gaza, écrit le journal mainstream Trouw, le 8 août 2025 : «Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, peut convoquer le Conseil de sécurité et proposer que l'ONU prenne en charge l'administration à Gaza. Les Américains y opposeront leur veto. Ensuite, l'Assemblée générale peut être convoquée, et placer toujours Gaza sous l'autorité de l'ONU, par une résolution à la majorité des deux tiers». 19

17 août 2025 - Le chef d'état-major de l'armée israélienne déclare : «Nous passerons bientôt à la prochaine phase de l'opération « Chariots de Gédéon», au cours de laquelle nous continuerons à intensifier les frappes contre le Hamas dans la ville de Gaza jusqu'à sa défaite. [...] «Cette campagne n'est pas ponctuelle ; elle constitue une étape supplémentaire dans un plan à long terme et planifié, avec une vision multithéâtre visant à frapper tous les éléments de l'axe, en particulier l'Iran». 20

18 août 2025 - «Le Hamas a accepté une proposition de cessez-le-feu soumise par les médiateurs égyptien et qatari» mais n'a toujours pas libéré tous les otages israéliens. 21

20 août 2025 - «Les autorités israéliennes ont donné leur accord définitif à un projet controversé de colonisation d'une zone située à l'est de Jérusalem, qui couperait la Cisjordanie en deux et compromettrait la création d'un État palestinien». 22

22 août 2025 - «Le gouvernement israélien a approuvé le plan de conquête de la ville de Gaza, annonce le ministre de la défense, qui promet «l'enfer» au Hamas»». 23

- «L'ONU déclare l'état de famine à Gaza». 24

- «La FAO, l'Unicef, le PAM et l'OMS affirment que la famine doit être «stoppée à tout prix»». 25

Septembre 2025 - Ce mois le président E. Macron «procédera à la pleine reconnaissance de la Palestine comme État» par la France, devant l'ONU. 26

Il y a de très nombreuses actions et manifestations dans le monde entier pour demander la fin de la guerre à Gaza et le retour des otages israéliens actuellement. «Depuis le 30 juin [2025], le fonds pétrolier, le plus important du monde, [le fonds souverain de Norvège] s'est désengagé de 23 sociétés de l'État hébreu» 27. «Madonna exhorte le pape Léon XIV à se rendre à Gaza «avant qu'il ne soit trop tard»» 28. «Des manifestants à Mexico exigent de couper les liens avec Israël» 29. Sur une banderole d'une cérémonie d'avant-match de football de la Supercoupe de UEFA est écrit : «Arrêtez de tuer les enfants, arrêtez de tuer les civils» 30. «Des touristes israéliens [sont] accueillis par des huées dans le port grec de Vólos en Grèce» 31. Le 17 août 2025, il y a une «grève générale en Israël pour la fin de la guerre à Gaza et [la] libération des otages» 32. À l'«aéroport de Bruxelles : des bagagistes refusent de traiter les valises d'un vol pour Tel-Aviv» 33. Au Mexique, il y a une veillée aux chandelles «contre la frappe israélienne qui a tué des journalistes à Gaza»... 34

Pourquoi le Hamas ne libère-t-il pas les otages (qui ont abominablement souffert) et ne reconnaît-il pas sa défaite pour tenter de sauver les Gazaouis ?

Pourquoi l'État d'Israël ne reconnaît-il pas les crimes qu'il commet : le génocide et la famine à Gaza ainsi que la colonisation en Cisjordanie ?

L'ONU, le Hamas et l'État d'Israël devraient réfléchir à une autocritique sincère.

Candice van Eijk-Vacle

reseauinternational.net

Murs

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