Par Euro-Med Monitor
Le secrétaire général António Guterres, deuxième à partir de la gauche, lors d'une réunion des Nations unies sur les solution à porter à Gaza, le 28 juillet 2025, au siège des Nations unies à New York. (Photo ONU/Manuel Elías)
Par Euro-Med Monitor
Israël a commencé à mettre en œuvre son plan illégal de destruction et d'occupation de la ville de Gaza. L'armée mène simultanément des opérations de bombardement et de démolition dans le sud, l'est et le nord, avançant de trois axes vers le centre de la ville dans une campagne de destruction complète et d'effacement systématique. Cette escalade marque une nouvelle phase du génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, qui dure depuis 23 mois.
Cet assaut fait suite à l'annonce officielle par l'armée israélienne de l'opération Gideon's Chariots II le 20 août, alors que les phases préliminaires et initiales étaient déjà en cours. Plus d'un million de personnes sont aujourd'hui prises au piège dans moins de 30 % de la ville de Gaza, toutes confrontées à la menace d'un déplacement forcé vers le sud dans le cadre d'un plan visant à effacer la ville, à infliger des destructions systématiques et à établir un contrôle militaire total.
À l'aube du 24 août, l'équipe de terrain d'Euro-Med a documenté les forces israéliennes en train de faire exploser un robot chargé d'explosifs dans le quartier d'Al-Saftawi, au nord de la ville de Gaza. Cela a fait suite à l'infiltration de véhicules militaires et d'un bulldozer dans la région voisine d'Abu Sharkh, après quoi le robot a été déployé et a explosé à distance, causant des destructions massives.
L'armée israélienne a également fait exploser des robots dans la zone d'Al-Wahidi à Jabalia al-Balad et dans la zone de Zarqa, au sud, détruisant d'autres maisons et quartiers résidentiels. Ce matin, l'aviation israélienne a lancé de violentes frappes aériennes sur Jabalia al-Balad, visant le rond-point d'Abu Sharkh et le cimetière de Jabalia al-Nazla.
Outre le déploiement de robots chargés d'explosifs, l'armée israélienne a intensifié l'utilisation de drones quadricoptères chargés de caisses d'explosifs. Ces drones larguent leur charge à l'intérieur des bâtiments ou sur les toits, causant des dégâts tout aussi dévastateurs que ceux infligés par les robots ou les frappes aériennes.
Ces derniers jours, notre équipe sur le terrain a documenté la destruction de nombreux bâtiments à plusieurs étages et de quartiers résidentiels à Al-Saftawi et Jabalia al-Nazla. Ces zones et leurs environs abritent encore un grand nombre d'habitants et de personnes déplacées à l'intérieur du pays, originaires du nord de Gaza, contraints de fuir une nouvelle fois sous les bombardements incessants.
Les opérations de destruction à Al-Saftawi, dans le nord, s'inscrivent dans un plan militaire israélien plus large qui englobe toutes les zones de la ville de Gaza. Des opérations similaires sont en cours à l'est, en particulier à Tuffah et Shuja'iyya, et au sud, à Zeitoun, où plus de 500 maisons ont déjà été détruites. À Al-Sabra, plusieurs immeubles résidentiels ont également été rasés à l'aide de robots chargés d'explosifs et de frappes aériennes, y compris des logements habités tels que la résidence de la famille Abu Sharia, qui a été bombardée jeudi 21 août, tuant huit membres de la famille, dont quatre enfants.
La destruction massive en cours s'accompagne d'un schéma récurrent d'assassinats délibérés, l'armée israélienne prenant directement pour cible toute personne se déplaçant dans ces zones, y compris celles qui fuient la mort. C'est le cas de deux frères et sœurs, Awad Ihsan Saadallah et Nadine Ihsan Saadallah, tués samedi par une frappe aérienne qui a atteint un groupe de civils près de la mosquée Hamza à Jabalia al-Nazla.
L'intensité excessive et constante des attaques israéliennes, combinée à la capacité et à l'accessibilité limitées des quelques hôpitaux qui fonctionnent encore et à l'absence de moyens de la Protection civile et de présence sur le terrain, rend impossible le recensement précis des victimes. Le nombre réel de morts est très certainement bien plus élevé que celui annoncé ou enregistré à ce jour.
Ces pratiques ont des conséquences catastrophiques et irréversibles pour des centaines de milliers de civils qui souffrent déjà de la faim et des déplacements. Ils sont soumis quotidiennement à des bombardements et à des massacres tandis que leur ville est rasée quartier par quartier sous leurs yeux, alors que la communauté internationale garde le silence et ne réagit pas face à l'un des crimes de génocide les plus odieux de l'histoire moderne.
La poursuite des attaques et l'expansion des opérations d'Israël visant à occuper totalement la ville de Gaza risquent de déclencher des massacres sans précédent contre les civils, anéantissant ce qui reste d'une action humanitaire déjà défaillante.
Cette escalade, toujours en cours, constitue un nouveau chapitre du génocide israélien, perpétré au vu et au su de la communauté internationale, qui continue d'apporter un soutien politique, financier et militaire à ses auteurs. Ces massacres ne sont pas des incidents isolés ou passagers, mais le résultat délibéré d'une politique officielle et publiquement déclarée par Israël. La communauté internationale porte la responsabilité de les avoir facilités par son silence et son inaction, qui, dans de nombreux cas, équivaut à une complicité directe.
Tous les États, individuellement et collectivement, doivent remplir leurs obligations légales et agir de toute urgence pour mettre fin à ce génocide à Gaza, en prenant toutes les mesures susceptibles de protéger les civils palestiniens dans ce territoire. Ils doivent veiller à ce qu'Israël respecte le droit international et les décisions de la Cour internationale de justice et tenir Israël responsable de ses crimes contre les Palestiniens.
Cela inclut, sans exception, l'exécution des mandats d'arrêt délivrés par la Cour pénale internationale à l'encontre du Premier ministre israélien et de l'ancien ministre de la Défense dans les plus brefs délais et leur transfert à la justice internationale, conformément au principe selon lequel nul n'est à l'abri de poursuites pour crimes internationaux.
L'Occident (appelé communauté internationale) doit également imposer des sanctions économiques, diplomatiques et militaires à Israël en réponse à ses violations systématiques et graves du droit international. Ces sanctions doivent inclure l'interdiction des exportations d'armes vers Israël et l'arrêt des achats d'armes auprès de ce pays, des mesures visant à suspendre toute forme de soutien et de coopération politiques, financiers et militaires, le gel des avoirs des responsables impliqués dans des crimes contre les Palestiniens ou incitant à de tels actes, et l'imposition de mesures d'interdiction de voyager à leur encontre. En outre, les privilèges commerciaux et les accords bilatéraux qui accordent à Israël des avantages économiques lui permettant de commettre des crimes doivent être suspendus.
L'Occident doit remplir de toute urgence ses obligations juridiques et morales en s'attaquant aux causes profondes de la souffrance et de l'oppression du peuple palestinien, qui perdurent depuis 77 ans. Elle doit garantir leur droit de vivre libres, dans la dignité et de disposer de leur autodétermination, conformément au droit international, mettre fin au régime d'apartheid imposé par la colonisation israélienne, assurer le retrait complet de l'armée israélienne aux frontières de 1967, lever le blocus illégal de la bande de Gaza, traduire en justice les auteurs israéliens et garantir aux victimes palestiniennes leur droit à réparation et à indemnisation.
Par Euro-Med Monitor
Source: Euro-Med Human Rights Monitor - 24 août 2025