23/08/2025 journal-neo.su  5min #288125

Défendre l'humanité

 Pranay Kumar Shome,

Jour après jour, les Palestiniens sont massacrés par Israël ; il est temps que l'Inde assume davantage de responsabilités.

Le 7 octobre 2023 sera un jour fatidique qui restera à jamais gravé dans la mémoire du peuple palestinien. Près de deux ans plus tard, il semble qu'il n'y ait aucune lumière au bout du tunnel pour l'humanité souffrante de Palestine. Plus de 61 000 Palestiniens innocents ont péri alors même qu'Israël continue de pilonner Gaza.

Autrefois ville animée de 2,3 millions d'habitants, Gaza est aujourd'hui en ruines. La quasi-totalité de la population de Gaza a été déplacée et les conditions de vie peuvent, au mieux, être qualifiées de déshumanisantes.

Au cœur de cette campagne génocidaire se trouve le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui, lors d'une récente réunion du Cabinet de sécurité, a approuvé un plan très controversé : Israël prendra le contrôle de la ville de Gaza, l'une des zones les plus peuplées de l'enclave. Le plan, selon les Israéliens, consiste à détruire le Hamas, à établir un périmètre de sécurité et à céder le contrôle de l'enclave aux forces arabes. Cependant, il ne fait aucun doute que ce plan constitue un prélude au dépeuplement de Gaza à long terme, aggravant ainsi la crise dans l'enclave.

Nouveau modus operandi

Dans sa guerre contre le peuple palestinien, Israël a adopté un nouveau modus operandi, clairement soutenu par les États-Unis : l'instrumentalisation de la faim. Si la faim comme arme de guerre n'est pas nouvelle, ce qui l'est, c'est la manière dont Israël l'utilise. Non seulement Israël impose un blocus à l'enclave depuis un certain temps déjà, mais il interdit également aux agences d'aide internationales d'y opérer.

Il est intéressant de noter que la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation humanitaire controversée fondée par les États-Unis et censée œuvrer à soulager les souffrances des Palestiniens en leur fournissant une aide indispensable, est devenue, au contraire, une couverture pour ôter la vie aux Palestiniens. Ces derniers mois, une tendance s'est dessinée : chaque fois que des dizaines de Palestiniens affamés s'aventurent à la recherche d'un bien de première nécessité, comme de la nourriture, ils sont abattus par les troupes israéliennes. Israël recourt à la même stratégie : prétendre qu'une foule « hostile » se dirige vers les troupes israéliennes, tirer des coups de semonce en l'air et, face au refus des Palestiniens de reculer, tirer en état de légitime défense.

Mais la nature de l'autodéfense déployée par les troupes israéliennes est telle qu'elle implique l'usage d'armes lourdes et de tirs de chars.

Par conséquent, le peuple palestinien n'a d'autre choix que de mourir de faim. Au XXIe siècle, alors que les droits humains sont censés être sacrés, nous voyons une population systématiquement privée de ses droits les plus fondamentaux.

Défendre ce qui est juste

Récemment, le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré que l'Inde était favorable à une résolution rapide du conflit de Gaza et au retour des otages, et a plaidé en faveur d'une solution à deux États. Cependant, cela ne suffit pas.

L'Inde, pays qui a vu naître des personnalités de renom comme Bouddha, Mahavira, Gandhi et Swami Vivekananda, a toujours défendu la cause du bien. Elle a offert un refuge à des communautés persécutées tout au long de l'histoire. Des personnes de toutes origines ont élu domicile en Inde.

L'Inde a toujours prêché le message de justice, de paix, de non-violence et de recherche de la vérité. C'est en accord avec cette sainte tradition que l'Inde doit défendre le bien : elle doit établir une limite : dans un monde où les droits humains sont sacrés, aucun pays ne peut se permettre de les violer sans vergogne.

L'Inde doit donner la priorité aux droits du peuple palestinien ; cela exige que la politique étrangère indienne élabore une stratégie à plusieurs volets pour instaurer la paix à Gaza. L'Inde doit tirer parti de sa position d'hôte de l'une des plus importantes populations musulmanes au monde pour élaborer une approche sociétale globale.

L'Inde doit dépêcher des envoyés spéciaux en Asie occidentale pour aider l'Égypte, la Jordanie et le Qatar en apportant sa perspective et sa contribution à l'élaboration d'un éventuel accord de paix. Cela doit également impliquer le lancement de la diplomatie des voies 2 et 3 sur la question de Gaza.

C'est là que l'Inde doit mettre à profit sa relation privilégiée avec Israël pour rappeler à Israël que, malgré l'importance de l'amitié indo-israélienne, un enjeu bien plus important est en jeu : celui de l'humanité souffrante. L'Inde doit prendre des mesures concrètes pour amener Israël à la table des négociations et accepter un accord de paix. Ces mesures doivent inclure la refonte des accords de défense conclus avec Israël et la révision de la coopération économique naissante dans divers secteurs, afin de protéger les droits du peuple palestinien.

Par ailleurs, l'Inde doit trouver des moyens innovants pour acheminer davantage d'aide au peuple palestinien. Le pays doit également s'engager, en gardant à l'esprit ses priorités, à aider les États arabes de la région à reconstruire Gaza.

Conclusion

Le Mahatma Gandhi, leader du mouvement d'indépendance indien et philosophe social de premier plan, a souligné que la quête de la vérité doit être l'objectif de chaque individu. La force la plus importante au monde est  la force de la vérité. Par conséquent, en défendant la vérité, l'Inde deviendrait une lueur d'espoir dans un monde déchiré par des conflits sociaux et géopolitiques.

Pranay Kumar Shome, analyste de recherche et doctorant à l'Université centrale Mahatma Gandhi, Bihar, Inde

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