18/08/2025 francesoir.fr  4min #287625

Pétrole russe, une hausse notable des exportations en juillet-août 2025 grâce aux partenaires asiatiques de Moscou

M.A.

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Tandis que l'Union européenne et les États-Unis cherchaient à interdire les importations de pétrole russe pour affaiblir l'économie de Moscou, les exportations pétrolières russes connaissent une hausse remarquable, en revenus comme en volumes. En juillet et août 2025, les recettes générées par la Russie grâce à ses ventes de brut et de produits raffinés sur le marché mondial ont atteint des niveaux inattendus, portés par des volumes toujours aussi élevés et une forte demande de pays tiers, notamment l'Inde et la Chine.

Face à la guerre en Ukraine, Bruxelles a durci ses sanctions contre la Russie, visant notamment à bannir définitivement le pétrole et gaz russes de son marché à l'horizon 2027. Cette décision s'inscrit dans une stratégie visant à couper les ressources financières de Moscou et limiter son effort de guerre. En juillet 2025, un 18e paquet de sanctions a été adopté, incluant un plafond sur le prix du pétrole russe et des restrictions renforcées sur le transit et le raffinage des produits pétroliers russes.

La demande asiatique toujours au rendez-vous

Cependant, cette position ferme de l'UE rencontre des réticences en Europe centrale et orientale, comme la Hongrie et la Slovaquie. Budapest et Bratislava ont régulièrement protesté contre de nouvelles sanctions énergétiques, craignant une flambée des prix et un risque sérieux pour la sécurité de leurs approvisionnements. La Slovaquie a d'ailleurs bloqué à plusieurs reprises l'adoption du 18e paquet, exigeant des garanties claires pour éviter tout risque de pénurie de pétrole et de gaz.

Garanties que le Premier ministre, Robert Fico, a jugé acquis avant de lever son véto en juillet. De son côté, la Hongrie s'est engagée avec Belgrade dans un projet commun de construction d'un nouvel oléoduc entre la Russie et la Serbie, un axe destiné à renforcer la capacité d'approvisionnement en pétrole direct via les Balkans.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a peu à peu redirigé, au gré des sanctions et interdictions européennes, ses exportations vers des acteurs majeurs de l'Asie, notamment l'Inde et la Chine. Ces deux pays profitent de rabais conséquents sur le pétrole russe pour répondre à une demande de plus en plus conséquente, alimentant ainsi la stabilité des revenus pétroliers russes malgré les efforts occidentaux pour isoler Moscou.

Un repositionnement qui irrite Washington. Le président Donald Trump a menacé d'imposer des sanctions sévères à l'encontre de l'Inde et de la Chine si ces pays poursuivaient leurs achats de pétrole russe, les accusant de soutenir indirectement l'effort de guerre du Kremlin. Malgré les menaces des État-Unis, New Delhi n'envisage pas un changement immédiat de sa politique énergétique.

14,3 milliards de dollars en juillet selon l'AIE

Les derniers chiffres révélés par Bloomberg et l'Agence Internationale de l'Énergie confirment aussi bien les intentions indiennes que celles des autres partenaires asiatiques du Kremlin. Selon le média américain, les exportations russes de produits raffinés ont atteint leur pic depuis le début du conflit, avec une croissance de 48 % pour le fuel oil en août 2025, totalisant 882 000 barils par jour.

Le total des produits pétroliers raffinés exportés est évalué à 2,31 millions de barils par jour. Cette performance intervient malgré des attaques ukrainiennes sur les infrastructures russes et grâce à des stratégies de contournement utilisant une flotte de navires "fantômes" sous pavillons tiers.

Dans le même temps, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) révèle  d'autres chiffres, plus globaux et liés, surtout, à la production. Les revenus russes issus des exportations de pétrole et produits pétroliers ont ainsi grimpé à 14,32 milliards de dollars en juillet 2025, soit une augmentation de 0,9 milliard par rapport au mois précédent. Cette hausse est attribuée à la fois à une légère augmentation des volumes exportés, c'est-à-dire 4,67 millions de barils par jour de pétrole brut et 2,62 millions de barils par jour de produits raffinés, entre autres, et à une hausse ponctuelle des prix mondiaux.

Sans détailler la part des produits dérivés, l'AIE estime ainsi qu'en juillet, la Russie a produit 9,20 millions de barils de pétrole par jour contre 9,23 millions en juin. Malgré cette légère baisse, la Fédération de Russie dispose du potentiel pour augmenter sa production à 9,4 millions de barils par jour au cours des trois prochains mois et maintenir ce niveau à long terme, explique la même source.

Les chiffres dévoilés par Bloomberg et l'AIE ne constituent tout de même pas le pic des exportations russes de pétrole depuis le début du conflit ukrainien. Toujours selon l'agence, les exportations de pétrole avaient atteint en avril 2023 leur plus haut niveau depuis le début de l'invasion de l'Ukraine avec 15 milliards de dollars de revenus et 8,3 millions de barils par jour.

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