10/07/2025 francesoir.fr  8min #283813

 Ursula von der Leyen confrontée à une motion de censure

Motion de censure : von der Leyen en sursis. Corruption, lobbies et silence des députés consentants ou sous pression

Xavier Azalbert France-Soir

Motion de censure : von der Leyen en sursis. Corruption, lobbies et silence des députés consentants ou sous pression

AFP, France-Soir

Résultat de la motion de censure

Le 10 juillet 2025, une  motion de censure,  initiée par l'eurodéputé roumain Gheorghe Piperea, visant Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a été mise aux voix au Parlement européen. Le résultat a révélé une division marquée, avec 175 votes en faveur, 360 votes contre et 18 abstentions, sur un total de 553 députés présents.

Cette motion, bien que rejetée, met en lumière une fragilité croissante de von der Leyen, notamment parce que les 360 votes contre la motion sont inférieurs aux 401 voix qu'elle avait obtenues lors de sa réélection en juillet 2024, signe d'un soutien en baisse parmi les députés européens.

Résultats de la motion de censure visant  @vonderleyen. "Un victoire à la Pyrrhus" selon  @GPiperea car "Von der Leyen a obtenu moins de vote que lors de son reélection en juillet 2024".  pic.twitter.com/0KjVYi1Ppy

— France-Soir (@france_soir)  July 10, 2025

Contexte et implications

Selon un  sondage MIS Groupe pour France-Soir/BonSens.org réalisé le 7 juillet 2025 auprès d'un échantillon représentatif de 1 200 Français, 41 % des répondants souhaitaient que leurs députés soutiennent cette motion, reflétant un mécontentement croissant envers la gestion de von der Leyen, notamment en raison de soupçons d'abus de pouvoir et de corruption.

Le résultat du vote montre que 40 % des députés européens français ont voté en faveur de la motion, un chiffre proche des attentes exprimées dans le sondage. Cependant, un nombre important de députés a choisi de voter contre plutôt que de s'abstenir, ce qui soulève des questions sur le respect de la volonté populaire. Ce décalage met en lumière un fossé entre les citoyens et leurs représentants, un fossé déjà observé à de nombreuses reprises dans le cadre de la perte de confiance des citoyens envers les politiques, ici aggravé par le fait que 47 % des Français estiment que von der Leyen a abusé de son pouvoir, et 70 % jugent la corruption trop importante dans le fonctionnement de l'UE.

Le rôle du Rassemblement National et les limites des autres groupes

Avec 70 % des Français n'ayant plus confiance en leurs représentants, majoritairement en raison d'un manque de respect de la volonté électorale une fois élus, le vote sur la motion de censure offre un éclairage révélateur. Une analyse détaillée montre que les députés français ayant voté en faveur de la motion sont ultra-majoritairement issus du Rassemblement National (RN), rattaché au groupe Patriots for Europe, ou de Reconquête.

Cela soulève la question : le RN serait-il le seul à respecter la volonté de ses électeurs ? Bien que cette tendance suggère une cohérence entre la position du RN et les attentes d'une partie de l'électorat français, notamment ceux sensibles aux critiques envers l'UE et von der Leyen, elle ne permet pas d'affirmer de manière absolue que seul ce parti reflète la volonté populaire. Par exemple, en tant que parti, le RN n'a jamais défendu la transparence des contrats Pfizer ni s'est opposé à la gestion de la crise sanitaire, ce qui nuance son positionnement. D'autres facteurs entrent en jeu, tels que les lignes politiques des autres groupes (socialistes, centristes) qui ont pu voter contre ou s'abstenir pour des raisons stratégiques ou idéologiques.

Cependant, le véritable problème réside dans le respect du mandat de représentation, posant la question des jeux d'appareils ou des consignes de vote imposées.

Influence des étiquettes politiques et rôle des lobbies

Une des principales raisons invoquées par certains députés pour ne pas soutenir la motion de censure est l'association de cette initiative avec l'étiquette « extrême droite », utilisée trop facilement pour discréditer, notamment via le RN et le groupe Patriots for Europe. Lors de ma visite au Parlement ce jour, j'ai entendu cette excuse pas moins d'une dizaine de fois ! À la cafétéria, un groupe d'eurodéputés français discutait de projets sur l'énergie, notamment nucléaire, et évoquait, sans aucune précaution oratoire, l'excuse de l'« extrême droite » qui viendrait s'accaparer certaines prérogatives énergétiques, utilisant ce motif comme un facteur disqualifiant pour ne pas voter la motion de censure. Cette excuse semble servir de prétexte pour masquer les manquements de leurs propres formations pendant des années.

Cette étiquette a visiblement influencé les votes, poussant de nombreux élus à rejeter la motion par crainte d'être perçus comme alignés sur des positions radicales, même si cela contredit les aspirations d'une partie de leurs électeurs. Ce phénomène illustre l'efficacité du travail des lobbies et des ONG, qui, grâce à leurs financements, souvent issus de fonds publics, et à leur capacité à apposer des étiquettes politiques, parviennent à orienter les décisions des députés, à l'encontre de la volonté et de l'intérêt des citoyens.

Cette stratégie transforme un débat sur la gouvernance et la corruption en une question d'image politique, au détriment de la prise en compte de la volonté citoyenne exprimée dans le sondage. Cela soulève une question sur l'usage des fonds publics à des fins de politique politicienne, détournant potentiellement ces ressources de leur objectif initial au profit d'intérêts partisans, et donnerait plus encore raison à la plainte déposée par Frédéric Baldan contre la présidente et les commissaires européens.

Plaintes pénales et responsabilité des députés

Il convient également de souligner que von der Leyen fait l'objet de plaintes pénales inédites et historiques. Comme  révélé par France-Soir le 17 mars 2024, une procédure est en cours de cassation en Belgique contre elle, Albert Bourla (PDG de Pfizer), Pfizer et d'autres,  accusés par des milliers de plaignants, dont deux États membres, la Hongrie et la Pologne, d'immixtion dans des fonctions publiques, de destruction de documents publics, de corruption et de prise illégale d'intérêt. Une autre plainte vise la cheffe roumaine du Parquet Européen (EPPO), Laura Kovesi, pour obstruction à la justice dans le but présumé de protéger von der Leyen. On peut s'interroger si ces éléments, absents de la motion de censure portée par Pipera, n'auraient pas pu enrichir le débat au Parlement européen et surtout démontrer aux citoyens que les députés ne se limitent pas à de la politique politicienne.

Plus grave encore, les trois contrats conclus par l'UE avec Pfizer demeurent inconnus des eurodéputés et du public, seuls les plaignants de l'affaire belge y ayant accès. Cela interroge sur l'absence de mesures judiciaires de la part des députés pour exiger la transparence, à l'image de l'initiative de Frédéric Baldan, qui a porté plainte contre von der Leyen pour usurpation de pouvoir et corruption.

On peut ainsi se demander si les députés ayant voté en faveur de la motion feront usage de la loi pour faire valoir les droits des citoyens, notamment en réclamant l'accès à ces documents, un droit fondamental à la transparence, ou s'ils saisiront la justice d'une demande de suspension de von der Leyen en raison de ces graves accusations pénales. S'ils ne le font pas, ils risquent de conforter la défiance de leurs électeurs, prouvant qu'ils privilégient les jeux d'appareils et la politique politicienne, amusant la galerie et les médias sans impact réel, laissant von der Leyen poursuivre ses arrangements au mépris de la déontologie, des traités et des règlements.

Crise de confiance et perspective

Cette dynamique renforce les critiques sur l'influence des ONG, financées pour faire du lobbying auprès des députés, suggérant que ces pressions détournent les élus de la voix de leurs électeurs. Cette situation souligne un véritable problème de représentation démocratique, les citoyens exprimant un manque de confiance envers leurs élus, comme en témoigne le sondage du 7 juillet. La perte de légitimité de von der Leyen, illustrée par un soutien moindre par rapport à son élection, renforce la crise de confiance au sein de l'UE, où les institutions peinent à refléter les aspirations de la population.

Il ne semble donc rester que la volonté des citoyens et le séisme qui existe avec les représentants qu'ils ont élus. Face à ce vide, on peut se demander si le vote sert encore à quelque chose, ou si les citoyens devront prendre des initiatives pour exiger une transparence accrue, seule voie pour restaurer la démocratie.

Auquel cas il faudrait s'assurer de la véritable indépendance des juges, ce qui donnerait une raison supplémentaire pour que les députés demandant la suspension de Madame von der Leyen tel que Frédéric Baldan et Me Protat l'ont fait.

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