12/05/2025 francais.rt.com  3min #277702

Kurdistan : le Pkk annonce sa dissolution et la fin de la lutte armée

Source: AP

Des jeunes tiennent un drapeau à l'effigie d'Abdullah Ocalan, le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à Istanbul, en Turquie.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan a décidé de se dissoudre et de mettre fin à sa lutte armée. Cette annonce marque un tournant historique dans un conflit vieux de plus de quarante ans, qui a fait des dizaines de milliers de morts, et ouvre la voie à une possible résolution politique de la question kurde en Turquie.

Le PKK a officiellement annoncé sa dissolution à l'issue de son 12e congrès, tenu du 5 au 7 mai dans le nord de l'Irak, selon l'agence d'information kurde Rudaw. Ce choix historique survient après un appel lancé en février par son fondateur Abdullah Ocalan, détenu à perpétuité depuis 1999 sur l'île turque d'Imrali. Ce dernier avait exhorté ses partisans à déposer les armes et à dissoudre la structure armée du mouvement. La déclaration du PKK affirme que « la lutte armée a rempli sa mission historique » en portant la cause kurde à un niveau où « elle peut désormais être résolue par des moyens politiques et démocratiques ». Le processus de transition vers la politique non-violente devrait être conduit directement par Ocalan, qui est présenté comme « le garant du processus de paix » dans le communiqué relayé par l'agence Firat.

Une réaction contrastée en Turquie

Le congrès du PKK a rassemblé 232 délégués et s'est tenu de manière sécurisée dans deux lieux distincts, en raison du contexte encore instable. Selon Reuters, l'ensemble des activités opérées sous le nom du PKK sont désormais officiellement terminées. Plusieurs responsables du groupe ont exprimé leur confiance dans la capacité du peuple kurde à « comprendre et soutenir » cette décision. Du côté d'Ankara, la réaction a été mesurée mais ferme. Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que « la Turquie continue d'avancer avec détermination vers un pays sans terrorisme ». Le porte-parole de son parti politique, l'AKP, Omer Celik, a qualifié cette décision d'« étape importante », tout en insistant sur la nécessité d'une application totale, incluant toutes les branches affiliées au PKK, comme le rapporte l'agence turque Anadolu.

Vers un nouvel équilibre régional ?

Cependant, certaines incertitudes demeurent. Selon The New York Times, il n'est pas clair si les branches affiliées au PKK en Syrie, en Irak ou en Iran suivront la même voie. En particulier, la milice kurde syrienne YPG, considérée par la Turquie comme une émanation du PKK, n'a pas encore réagi à cette annonce. Cette décision du PKK pourrait redessiner la dynamique régionale, notamment en Turquie, en Syrie et en Irak. Le congrès du PKK appelle également le Parlement turc à « jouer un rôle historique » dans la reconnaissance des droits démocratiques des Kurdes. Le parti pro-kurde DEM, qui a facilité le dialogue entre le PKK et Ankara, a salué une « opportunité historique pour une paix honorable ». Enfin, la présidence du Kurdistan irakien a également salué la décision, affirmant qu'elle ouvrait « une nouvelle ère de stabilité » dans la région. Le président Nechirvan Barzani a remercié Ankara pour ses efforts et a déclaré que « le moment est venu pour toutes les parties de franchir des étapes positives », selon les propos relayés par Rudaw.

Le PKK, fondé en 1978, avait initialement pour objectif la création d'un État kurde indépendant. Depuis les années 2000, il revendiquait plutôt une autonomie politique et culturelle au sein de la Turquie. Sa lutte armée, débutée en 1984, a causé la mort de plus de 40 000 personnes. Le processus enclenché en ce mois de mai pourrait marquer la fin d'un cycle de violence, à condition que toutes les parties s'y engagent concrètement.

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