12/05/2025 francesoir.fr  5min #277701

Le devoir de désobéir

Rorik Dupuis Valder pour France-Soir

Un système social, aussi défaillant soit-il, subsiste avant tout par la sacralité de certains principes de gouvernance, et en premier lieu celui de respect de la hiérarchie. Ce principe, à la base de toute organisation humaine, n'étant valable que si l'autorité en place travaille à la justice et à la réalisation de ses engagements vis-à-vis de ses subordonnés, de ses administrés.

Or, lorsque le système a à sa tête une élite décisionnaire corrompue, qui n'agit plus dans l'intérêt de la majorité, au nom d'une morale, d'un projet et d'un progrès communs, mais en faveur d'intérêts privés et minoritaires, dans le seul souci du maintien de ses privilèges, la désobéissance devient un devoir pour tous.

Quand l'absurde, le mensonge et la perversion gouvernent, désobéir est un devoir citoyen. Un devoir moral qui doit ignorer toute hiérarchie, et par là même toute sacralité systémique. La révolte étant alors un appel à l'équité, à la fonctionnalité et à la salubrité publique, perdues avec les lois tribales, le népotisme et les conflits d'intérêts d'une oligarchie.

C'est ce que nous avons vécu avec le soulèvement des Gilets jaunes en 2018 et 2019. Travailleurs abusés, méprisés, petits entrepreneurs et artisans surtaxés, déclassés, se dressaient contre la Macronie, réclamant la destitution du président et de son gouvernement devenus largement illégitimes. Plus qu'un combat de justice sociale, il s'agissait là d'un véritable sursaut culturel.

C'est ce que nous avons vécu avec les mobilisations contre le passe sanitaire en 2021, où les gens, fichés et discriminés pour leur simple droit à disposer de leur corps, s'opposaient au système de ségrégation sociale mis en place avec la politique ultra-sécuritaire liée, prétendument, à la gestion épidémique. Comment imaginer une telle dérive totalitaire dans un État qui inscrit « Liberté, Égalité, Fraternité » au fronton de ses édifices publics ?

Non, les Français ne sont pas résignés. Ils sont simplement en état de sidération devant le déclin accéléré de leur pays. Si beaucoup ont sous-estimé la malveillance — qui se voulait jusque-là incompétence — de leurs gouvernants, une vague de conscientisation a été rendue possible ces dernières années grâce aux médias alternatifs et aux voix dissidentes sur Internet, qui faisaient enfin voir l'envers du décor et révélaient les manœuvres des lobbies à tous les niveaux.

Cependant, le piège d'Internet est celui de la virtualisation de la lutte. Avec la multiplication des boutiques et des chapelles de résistance, la dissidence s'est casée, embourgeoisée, en même temps qu'elle s'est fragmentée, selon la loi imparable de l'offre et de la demande. Les gens ne luttaient plus réellement, de leur personne, à leur niveau et ensemble, ils se contentaient de consommer, de commenter un contenu para-révolutionnaire, tombant un peu malgré eux dans un exutoire autorisé.

Il y a, depuis une dizaine d'années, un malaise évident qui ne fait que grandir au sein des forces de l'ordre, chez les gardiens de la paix et les gendarmes, du fait de la situation absurde et conflictuelle — entre tensions communautaires et impunité de la délinquance, petite et grande — dans laquelle la permissivité politico-judiciaire autant que le bellicisme et le voyeurisme des médias de masse ont plongé la société. Un tel malaise devrait être courageusement formulé, connu de tous, et mener à la grève générale contre ce pouvoir humiliant, déloyal et irresponsable que nous subissons trop patiemment.

Si les démissions et les désertions se multiplient dans la police et l'armée, c'est que ces institutions ne tolèrent évidemment pas le devoir de désobéissance, aussi légitime et rationnel soit-il. Policiers et militaires le savent pertinemment : ils ont été dupés, utilisés et trahis par le pouvoir macronien. Homme de réseaux, séducteur diaboliquement ambivalent, capable de détourner l'attention de tous et de récupérer la cause de chacun en sa faveur, Emmanuel Macron n'a jamais été président : il est resté, en pratique et en théorie, banquier d'affaires. C'est, en quelque sorte, le meilleur VRP international de Rothschild & Cie, chargé de liquider la France.

Aussi devrions-nous nous adresser aux agents des forces de l'ordre, qui ont à cœur la défense de la patrie, la protection des humbles et la souveraineté nationale, en ces termes : « Que recherchez-vous ? La faveur d'une élite corrompue ou la reconnaissance de tout un peuple ? Nous savons que chacun de vous a une famille, une carrière à préserver, mais que faites-vous des millions de Français qui comptent sur vous ? Qu'avez-vous fait des principes et des idéaux pour lesquels vous vous êtes engagés ? »

Lorsque les forces de l'ordre se seront octroyé la liberté de désobéir, lorsqu'elles auront majoritairement pris fait et cause pour le peuple en souffrance, en évitant les pièges de la division idéologique, l'emprise de la hiérarchie tout autant que la récupération politique et syndicale, alors nous pourrons espérer un véritable sursaut historique pour l'intérêt général et l'application de la devise républicaine. Nous ne parlons pas ici de l'universalisme dévoyé, confisqué par certaines loges, le CRIF ou la LICRA, mais de cette avant-garde rousseauiste — libertaire, égalitaire et écologique — qui habite chaque Français et fait sa fierté à travers le monde.

Sans cette désobéissance nécessaire, sans cette rébellion interne, le pays continuera de sombrer, livré aux mains des lobbyistes, des prédateurs et des opportunistes en col blanc, que nous avons largement identifiés malgré le cirque médiatique toujours plus grossier, malgré la menace et le chantage technocratiques toujours plus sophistiqués.

Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les traîtres influents et les catastrophistes professionnels, une solution est possible et elle est relativement simple. Celle-ci demande un peu de courage, de solidarité et d'ambition. Il s'agit de l'union des forces vives de la nation, des hommes et femmes de bonne volonté, au-delà des petits conflits idéologiques, des croyances et des susceptibilités.

Car on ne peut verrouiller les esprits. On ne peut les acheter complètement. On ne peut les corrompre complètement. L'humain, dans son génie et sa flamboyante diversité, ressurgit toujours du chaos et de la violence — quelle que soit la forme qu'elle emprunte. C'est donc précisément pour le bien commun qu'il revient à chacun de désobéir. Ici et là, massivement, au nom de ce qu'est la France, patrie des libertés et des Lumières. Il n'est jamais trop tard pour désobéir. Pour faire triompher la Justice.

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