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Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz, dans l'enceinte de l'Élysée, le 7 mai 2025 à Paris (photo d'illustration).
Le chancelier allemand et le président français ont estimé insuffisant la proposition faite ce 11 mai aux Ukrainiens par le président russe de tenir des négociations de paix à Istanbul dans les prochains jours. Les deux dirigeants européens ont réitéré leurs exigences quant à un cessez-le-feu préalable. Une position également défendue par Zelensky.
« Nous attendons de la Russie qu'elle confirme un cessez-le-feu - complet, durable et crédible - à partir de demain, le 12 mai, et l'Ukraine est prête à s'y conformer. » Dans 𝕏 un message posté sur X, Volodymyr Zelensky, dont les forces sont en difficulté sur le terrain, a réitéré son exigence d'un cessez-le-feu, alors même que ceux proposés par la Russie n'ont pas été respectés.
« C'est un signe positif que les Russes commencent enfin à envisager de mettre fin à la guerre », a encore déclaré celui qui avait signé en octobre 2022 un décret interdisant toute négociation avec une Russie dirigée par Vladimir Poutine.
It is a positive sign that the Russians have finally begun to consider ending the war. The entire world has been waiting for this for a very long time. And the very first step in truly ending any war is a ceasefire.There is no point in continuing the killing even for a single...
- Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) 𝕏 May 11, 2025
« À en juger par la réaction de Bankova, ils n'ont pas bien lu la transcription de la déclaration du président russe», a commenté auprès de TASS la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Cette dernière «a souligné que le dirigeant russe avait clairement parlé de la nécessité d'un processus de négociation sur les causes profondes. Ce n'est qu'après cela qu'il sera possible de parler d'un cessez-le-feu », a relaté l'agence de presse russe.
Erdogan salue « un tournant historique »
Quelques heures plus tôt, dans la nuit, Vladimir Poutine avait proposé à Kiev de reprendre des « négociations directes sans aucune condition préalable» à Istanbul à compter du 15 mai, réitérant sa position déjà tenue fin avril lors de sa rencontre avec l'envoyé spécial américain Steve Witkoff. Le président russe n'avait pas exclu de parvenir à « de nouvelles trêves », à « un nouveau cessez-le-feu » lors de ces négociations. Un véritable cessez-le-feu doit, a insisté Vladimir Poutine, être « le premier pas vers une paix durable à long terme, et non un prologue à la poursuite du conflit armé après le réarmement, le réapprovisionnement des forces armées ukrainiennes et le creusement fébrile de tranchées et de nouveaux bastions ».
« Un grand jour pour la Russie et l'Ukraine ! », a réagi sur Truth Social le président américain Donald Trump, assurant qu'il « continuerai[t] à travailler avec les deux parties pour que cela se produise».
truthsocial.com« Un tournant historique a été atteint dans les efforts en vue de mettre fin au conflit », a salué le président turc Recep Tayyip Erdogan, d'après un communiqué publié par ses services à l'issue d'un échange téléphonique avec Emmanuel Macron. Un avis que ne semble pas pleinement partager ce dernier.
Barrot laisse entendre une volonté des Européens d'être présents à Istanbul
Cité par l'AFP, le président français a qualifié cette nouvelle main tendue de Vladimir Poutine de « premier mouvement » mais l'a jugé « pas suffisant ». « On ne négocie pas quand les armes parlent. On ne discute pas si, dans le même temps, les populations sont bombardées », a 𝕏 martelé, dans un message posté sur X, celui qui avait menacé la veille la Russie de nouvelles sanctions si Moscou n'acceptait pas un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours.
À Kyiv et avec le Président Trump, nous avons fait une proposition claire : un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours dès lundi.Le Président Zelensky s'est engagé, sans poser de conditions. Nous attendons de la Russie une réponse tout aussi claire.
On ne négocie pas quand...
- Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 𝕏 May 11, 2025
Même son de cloche du côté du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz. « Si la partie russe manifeste désormais sa volonté de dialoguer, c'est un bon signe. Mais c'est loin d'être suffisant », a-t-il déclaré, cité par un communiqué. Avant d'ajouter : « Nous attendons de Moscou qu'elle accepte un cessez-le-feu qui permettra de véritables discussions. »
« Nous sommes prêts, dès jeudi prochain, à entrer dans des discussions menant à une paix durable en Ukraine», a pour sa part déclaré sur France Inter le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, laissant entendre une volonté des Européens d'être présents à la table des négociations à Istanbul. « À condition bien sûr qu'il y ait un cessez-le-feu, au préalable », a-t-il réaffirmé, interrogé sur ce « souhait ».
« Qu'ont-ils à voir avec ça ? », s'indigne Fico
Le ministre français a néanmoins salué « un pas décisif» qui «a été franchi vers la paix en Ukraine ». Pas dont il a attribué le mérite à l'« appel unanime des Européens, des Ukrainiens, avec le soutien des Américains », à un cessez-le-feu. Jean-Noël Barrot a d'ailleurs, de plus belle, brandi la menace de sanctions « massives, qui auraient un effet dévastateur sur l'économie russe ».
Des déclarations venues de Paris et Berlin qui n'ont clairement pas été du goût de Bratislava. « Je suis choqué qu'il y ait une proposition selon laquelle le 15 mai, les Russes et les Ukrainiens pourraient se rencontrer à Istanbul pour des négociations directes, où des résultats concrets pourraient être obtenus, et j'entends déjà des déclarations de l'Allemagne et de la France selon lesquelles elles ne sont pas d'accord ! », a dénoncé devant la presse Robert Fico.
« Qu'ont-ils à voir avec ça ? », a poursuivi le Premier ministre slovaque, redoutant que le conflit ne perdure «encore plusieurs années». « Sont-ils les porte-parole de l'Ukraine ? Après, ne me blâmez pas lorsque je déclare publiquement que de nombreux pays occidentaux sont extrêmement intéressés par la poursuite de cette guerre », a-t-il asséné.
Les responsables russes, en particulier le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ont déclaré à plusieurs reprises que Moscou n'accepterait pas un cessez-le-feu durant des négociations si une telle trêve pouvait permettre à Kiev de se renforcer militairement.