02/05/2025 ssofidelis.substack.com  45min #276682

Les frères Vach, famille génocidaire star d'Israël

Le colonel israélien Golan Vach devant une maison du kibboutz Be'eri, le 14 octobre 2023, où il a faussement déclaré que huit bébés brûlés ont été découverts le 7 octobre 2023. Vach et les membres de sa famille ont ensuite participé aux crimes de guerre commis à Gaza durant le génocide en cours perpétré par Israël. © News Licensing/MEGA

Par  David Sheen pour  The Electronic Intifada, le 30 avril 2025

Deux haut gradés israéliens, auteurs des histoires inventées de toutes pièces sur des enfants et des bébés juifs assassinés le 7 octobre, comptent parmi les commandants de l'armée qui ont dirigé depuis la destruction génocidaire de la bande de Gaza.

Le brigadier général  Barak Hiram et le colonel  Golan Vach ont contribué à rallier l'opinion publique à l'anéantissement de Gaza en  affirmant faussement que des combattants palestiniens ont exécuté huit enfants israéliens dans le  kibboutz Be'eri.

Hiram et Vach ont ensuite exploité ces mensonges pour commettre des crimes de guerre, créant conjointement un couloir macabre de plusieurs kilomètres de large qui coupe en deux la bande de Gaza au sud de la ville de Gaza.

Selon des informations rapportées par le quotidien israélien Haaretz, l'officier principalement responsable de la destruction de la région est le frère cadet de Golan Vach, le brigadier général Yehuda Vach, que  Hiram a désigné comme son successeur à la tête du couloir dit de Netzarim à l'été 2024.

Avec le concours de son frère, Yehuda Vach a ensuite métamorphosé ce territoire ravagé en une zone d'extermination où les civils palestiniens sont massacrés sans pitié, comme l'a rapporté le journal Haaretz fin décembre 2024.

En février, la  Fondation Hind Rajab, une organisation basée en Belgique qui  cherche à traduire en justice les Israéliens responsables du génocide, a déposé une  plainte auprès de la Cour pénale internationale, demandant que Yehuda Vach soit inculpé pour crimes de guerre à Gaza.

Le collectif a déclaré que son nom

"est devenu synonyme de barbarie, de sadisme et de corruption sans limites".

Lorsque Vach a pris le commandement du secteur à la mi-2024, il a hérité de Hiram un secteur déjà en ruines, dont les habitants ont été expulsés.

Hiram, raciste notoire anti-arabe  depuis sa jeunesse, est connu pour préférer recourir à une puissance de feu écrasante, quel qu'en soit le coût en vies humaines. Le 7 octobre 2023, il a ordonné de tirer avec des chars electronicintifada.net,  "même au prix de victimes civiles", sur la maison de Pessi Cohen, un habitant de Be'eri, où des combattants palestiniens retenaient Cohen et 13 autres personnes captives. Les tirs de chars ont tué instantanément au moins neuf des captifs.  Sept d'entre eux, dont quatre femmes âgées et des jumeaux de 12 ans, ont été brûlés vifs.

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"C'est le mal à l'état pur"

D'avril à juillet 2024, alors que le couloir de Netzarim était contrôlé par Hiram et la 99e division d'infanterie sous son commandement, des civils palestiniens y ont été régulièrement massacrés.

Un soldat de l'unité a  raconté à  Haaretz dans un article du 18 décembre 2024 avoir observé un groupe de civils non armés, dont des enfants, fouillant les décombres.

L'armée israélienne les a ensuite abattus depuis les airs. "Un hélicoptère de combat a tiré un missile sur eux", a déclaré le soldat.

"Qui peut légitimer un tir de missile sur des enfants ? Et depuis un hélicoptère ? C'est le mal à l'état pur".

Après qu'un rapport de l'armée publié en juillet 2024 ait  blanchi le massacre d'otages israéliens par Hiram à Be'eri et l'ait exonéré de toute responsabilité, la 99e division a été transférée hors de Netzarim, et Hiram a été  promu commandant de la 143e division israélienne de Gaza.

"Nous avons tué des civils qui ont ensuite été recensés comme terroristes",

a déclaré un officier de la 252e division de Yehuda Vach  à Haaretz

"Le meurtre de Palestiniens s'est transformé 'en une compétition entre les unités'", a ajouté l'officier. "Si la division 99 tue 150 [personnes], l'unité suivante vise les 200".

Les soldats israéliens ont ensuite photographié les Palestiniens qu'ils ont tués ainsi que leurs effets personnels, puis ont envoyé les images aux services du renseignement militaire pour analyse, avant d'apprendre plus tard que, même selon les propres estimations d'Israël, 95 % de leurs victimes n'étaient même pas soupçonnées d'avoir été des combattants.

"Sur ces 200 victimes, seules 10 ont été confirmées comme étant des membres du Hamas", a déclaré un autre officier de la 252e division de Vach. "Malgré cela, personne n'a remis en question l'annonce publique selon laquelle des centaines de militants auraient été tués", a-t-il ajouté.

Peu après avoir pris le commandement du secteur en juillet 2024, Yehuda Vach a fait savoir à ses officiers qu'"il n'y a pas d'innocents à Gaza".

Ces mots font écho aux propos tenus par le président Isaac Herzog le 13 octobre 2023, lorsque le chef de l'État israélien a affirmé que "l'ensemble de la nation" palestinienne est responsable des événements du 7 octobre, et qu'il n'y a pas de civils "non impliqué" à Gaza.

La déclaration de Herzog a été  citée comme preuve pertinente par la Cour internationale de justice dans ses conclusions de janvier 2024 ordonnant à Israël de mettre immédiatement fin à tous les actes de génocide contre les Palestiniens à Gaza.

Mais selon les témoignages de soldats recueillis par Haaretz, Yehuda Vach a traduit ce sentiment en nouvelles consignes encore plus cruelles, plus que tout autre général de l'armée.

Pour les civils palestiniens de Gaza, cela s'est traduit par des règles d'engagement encore plus meurtrières.

"Ce n'était pas seulement un avis" , a expliqué un officier. "C'est devenu une doctrine opérationnelle : tous les Palestiniens sont des terroristes".

Dans la pratique, cela signifie que les soldats de Vach sont autorisés à tuer n'importe quel Palestinien à leur guise.

"Vach a même décidé que toute personne à vélo pouvait être tuée, affirmant que les cyclistes sont des collaborateurs des terroristes", a expliqué un officier de la 252e. "Les femmes sont soit décrétées éclaireuses, soit des hommes déguisés".

Parmi les exemples concrets rapportés à Haaretz figure le cas d'un civil palestinien non armé de 16 ans,  soupçonné d'être Muhammad Amer Salouha.

"Pendant environ une minute ou deux, nous avons continué à tirer sur le corps. Les gens autour de moi tiraient et riaient",  se souvient l'officier. "Ce soir-là, notre commandant de bataillon nous a félicités d'avoir tué un terroriste, en disant qu'il espérait que nous en tuerions dix autres le lendemain".

Les troupes de Vach enterraient ensuite les corps de leurs victimes sous le sable ou les laissaient se décomposer.

"Après les fusillades, les corps ne sont pas ramassés, attirant des meutes de chiens qui viennent les dévorer",  a rapporté un soldat.

Vach a également élargi arbitrairement la zone de tir du couloir de Netzarim.

Un soldat  a expliqué : "500 mètres ici aujourd'hui, 500 mètres là demain".

Lorsque la 99e division  est revenue dans le couloir en novembre 2024 pour remplacer la 252e, Vach avait déjà 𝕏 élargi la zone de tir de 2,5 à 7 kilomètres de large.

Selon les soldats sous son commandement à Netzarim, le brigadier général Yehuda Vach est déterminé à procéder au nettoyage ethnique de toute la bande de Gaza nord, conformément au "plan des généraux", un 𝕏 projet proposé par les hauts responsables de l'armée qui font pression sur le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour le faire approuver officiellement.

Des sources militaires  ont déclaré au journal Haaretz que Vach

"parle de déporter les gens vers le sud. Il met en œuvre le plan des généraux de son propre chef".

Lorsqu'il a rendu le commandement du couloir à la 99e division en décembre 2024, Yehuda Vach a déploré de ne pas avoir pu expulser les Palestiniens du nord de la bande de Gaza, alors estimés à environ 250 000 personnes.

"Nous n'avons pas atteint notre objectif",

aurait déclaré Vach à ses officiers, regrettant que le blocus israélien du nord de Gaza ne soit pas total et que l'entrée de vivres et d'autres aides humanitaires ait été autorisée.

"Pour lui, aucun camion [d'aide] n'aurait dû entrer",  se souvient un officier sous les ordres de Vach. "Il fallait harceler et menacer les convois entrants".

"Entrepreneur en démolition à Gaza"

Si Yehuda Vach n'a pas réussi à nettoyer complètement le nord de la bande de Gaza des Palestiniens, il a réussi à rendre une grande partie de cette zone inhabitable à court terme.

Yehuda a confié l'exécution contractuelle à son frère aîné, l' ancien chef de l'équipe de sauvetage, le colonel Golan Vach, ainsi qu'à l'unité ad hoc créée à cet effet, Pladot Heavy Engineering Equipment.  Selon les soldats et les commandants de la 252e division, le frère aîné Vach est "l'entrepreneur chargé des démolitions à Gaza".

"C'est un défi technico-militaire", a  expliqué Golan Vach à Radio 103 FM en novembre 2024. "Nous avons besoin de temps, de patience, d'engins lourds et d'explosifs".

Les soldats qui ont encadré Golan Vach et son équipe d'une dizaine d'hommes ont  décrit à Haaretz comment ils ont miné les maisons palestiniennes avec de la des dynamite et des explosifs.

"L'unique objectif de l'équipe d'ingénierie lourde Pladot est de raser Gaza aussi vite possible. C'est ce qu'ils font tous les jours", a déclaré un soldat. "Ce sont des gens très toxiques, soldats et civils, pour la plupart des extrémistes religieux. Ils ont le sentiment d'être engagés dans une mission démente et de bénéficier d'un immense privilège".

"Ils se voient attribuer un secteur particulier dans le couloir de Netzarim et rasent tous les bâtiments qui s'y trouvent",

 a déclaré un autre soldat qui escortait Golan Vach et son équipe de démolition.

"La mission consiste à aller de maison en maison et à s'assurer que tout ce qui se trouve à l'intérieur peut être rasé", ajoute-t-il. "On nous ordonne simplement de raser tout ce qui se trouve entre deux points".

Golan Vach professe cette opinion. "Nous devons raser des quartiers entiers", a-t-il  déclaré à la radio israélienne.

La destruction de la bande de Gaza est l'objectif de Vach, a-t-il expliqué dans une autre interview accordée aux médias.

"J'accorde une grande importance à cette histoire de reconception, de réaménagement de la zone afin de permettre à l'armée israélienne de contrôler le territoire comme elle le doit", a-t-il déclaré à un podcast de colons israéliens. "Chaque jour supplémentaire passé par l'armée israélienne dans la bande de Gaza renforce la conviction des soldats israéliens qu'ils sont capables de détruire Gaza".

Lorsqu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a été annoncé en janvier, Golan Vach a déploré que les Palestiniens qu'il avait chassés de leurs terres puissent bientôt y retourner.

"Nous passons d'un bâtiment à l'autre, d'un tunnel à l'autre, nous nettoyons la zone et repoussons les Gazaouis vers les zones prévues dès le départ", a expliqué Golan Vach dans une interview accordée en janvier. "Si on autorise 1,5 million de civils à revenir sur ce territoire, notre moyen de pression le plus efficace est perdu".

Bien qu'il affirme que Pladot a été fondé "à la demande du commandement sud", l'unité de Golan Vach est perçue par au moins certains soldats israéliens comme une milice semi-privée de son frère, le commandant de la 252e division Yehuda Vach.

Quand un commandant israélien d'une autre division s'est enquis de Pladot et de la manière dont elle décide des bâtiments à détruire, on lui a répondu "qu'il n'est pas nécessaire d'en dire trop" parce que Pladot est dirigée par le frère du commandant de division.

"Ils nous ont dit qu'ils étaient des VIP", a déclaré un officier de la 252e division de Yehuda Vach  à Haaretz. "Vach est venu avec ses frères quand il a pris ses fonctions. Ils ont veillé à ce que tout le monde sache qu'ils étaient les frères du commandant de la division".

Yehuda Vach aurait encouragé ses commandants de division à suivre son exemple et à former leurs propres milices renégates au sein de l'armée.

"Je suis venu avec mes frères, venez avec les vôtres",

aurait  dit Vach à ses commandants de division, selon un lanceur d'alerte.

Vach et ses frères auraient également fait entrer dans la bande de Gaza, contre les ordres de l'armée, des rabbins d'extrême droite, des militants colons et d'autres civils.

"Il n'est pas nécessaire d'avoir une escorte militaire ou d'enregistrer les entrées et les sorties, contrairement à ce qui est exigé pour l'entrée des soldats sur le territoire de Gaza",  a expliqué l'officier de la 252e division de Vach. "Surtout en ce qui concerne son frère Golan".

La famille Vach est depuis des décennies au cœur du mouvement nationaliste-religieux des colons. Golan et Yehuda  Vach ont tous deux  fréquenté la tristement célèbre école militaire religieuse Bnei David, en Cisjordanie occupée, qui prône l'esclavage littéral des Palestiniens.

L'année dernière, lors d'une vidéoconférence confidentielle avec les généraux du commandement sud d'Israël, un civil non autorisé portant une kippa a été  vu à côté de Yehuda Vach. Selon l'un des officiers de Vach, son supérieur immédiat, le général de division Yaron Finkelman, a aussitôt constaté cette faille dans la sécurité et aurait rougi de colère, mais n'aurait rien dit.

Finkelman, qui a  démissionné de son poste en janvier, a déjà été humilié par Yehuda Vach.

En 2017, alors que Vach était commandant adjoint de la brigade Givati, il a été sévèrement blâmé par ses supérieurs après le vol d'armes dans l'armurerie d'une base militaire sous son autorité, le désormais tristement célèbre  camp de torture de Sde Teiman.

Comme le raid sur l'armurerie de Sde Teiman était le  deuxième en deux ans, le chef d'état-major de l'armée a également décidé de sanctionner le supérieur direct de Vach, le commandant de la brigade Givati. Le supérieur direct de Vach, très embarrassé, était alors également Yaron Finkelman.

Deux ans plus tard, en 2019, Yehuda Vach a été  promu commandant de la brigade 769 lors d'une cérémonie à la base militaire de Gibor, désormais placée sous son autorité. L'année suivante, Vach a de nouveau été mis  en cause, cette fois par le chef d'état-major de l'armée, après que des armes ont également été volées à Gibor.

En septembre 2024, Finkelman a connu un nouvel épisode embarrassant avec Yehuda Vach : pas moins de 300 soldats et sauveteurs israéliens ont été déployés pour extraire son frère Golan Vach d'un puits qui s'était effondré alors que lui et son unité Pladot menaient leur campagne visant à rendre Gaza inhabitable.

Même après cet accident qui a braqué les projecteurs sur leurs activités, les frères Vach ont continué à se comporter comme s'ils étaient au-dessus au-dessus de tout soupçon.

"Lorsque nous avons reçu le rapport, nous étions sous le choc", a  avoué un soldat du commandement sud au journal Haaretz. "Golan Vach a personnellement mené et rédigé l'enquête. Il y apparaît comme un véritable héros d'Israël, alors que tout le monde sait qu'il s'agissait là d'un fait honteux et d'une violation de tous les règlements".

Le commandant de la région sud, Finkelman, a écrit plus tard que les agissements du colonel Golan Vach sont injustifiés et "dépourvus d'urgence opérationnelle", mais il a refusé de sanctionner les deux frères Vach.

Le bureau du porte-parole de l'armée israélienne  a affirmé que l'unité d'équipement lourd Pladot commandée par Golan Vach est

"une force militaire autorisée de réservistes" "mobilisée conformément aux procédures".

"Bien loin de la victoire"

Yehuda et Golan ne sont pas les seuls frères Vach à semer le chaos à Gaza et au-delà depuis le 7 octobre 2023. Comme Golan, leur jeune frère, le capitaine Elishav Vach, commande une unité militaire nouvellement formée et a été blessé à Gaza l'année dernière.

Elishav a été brûlé lors d'une explosion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Comme ses frères, Elishav Vach tire parti des relations de sa famille et de son passé militaire pour faire avancer le programme de l'extrême droite israélienne. Mais alors que Yehuda et Golan profitent du brouillard de guerre pour anéantir discrètement et à un rythme accéléré la vie des Palestiniens à Gaza, Elishav fait désormais pression sur la société civile israélienne pour obtenir son consentement à un carnage encore plus expéditif.

En juillet 2024, Elishav Vach a co-rédigé, avec des dizaines d'autres officiers israéliens, une lettre de plainte adressée à Herzi Halevi, alors chef d'état-major, exigeant qu'il ordonne à l'armée de se battre avec plus d'agressivité.

Environ neuf mois après le début du génocide, les officiers ont ridiculisé les affirmations des hauts commandants selon lesquelles Israël avait presque gagné la guerre.

"Nous qui revenons du théâtre des opérations, nous savons très bien que la situation est encore bien loin de la victoire", ont écrit les officiers. "L'ennemi dispose toujours de capacités transfrontalières, de drones, de drones explosifs, de mortiers [et] d'une immense infrastructure de tunnels".

Affirmant que "des dizaines de milliers de terroristes sont encore en vie, prêts à continuer à se battre contre nous", ils ont ajouté : "Ce n'est pas à cela que ressemble la victoire".

"N'en restons pas là ! Donnez-nous la victoire !" ont supplié Vach et ses camarades. Halevi aurait accepté de  rencontrer les soldats mécontents, mais aurait ensuite annulé.

En août, Vach et son groupe militant anti-palestinien Mishelet Am ont  installé un stand de protestation devant la  villa privée de Yoav Gallant, alors ministre israélien de la Défense.

Lorsqu'un tunnel s'est effondré sur son frère Golan à la mi-septembre, Elishav Vach a profité de l'attention des médias pour appeler Gallant à intensifier la destruction de Gaza, faute de quoi il devrait démissionner.

"Monsieur le ministre de la Défense, la sécurité de l'État d'Israël est sous votre responsabilité", a  crié Vach à travers un mégaphone devant le complexe de Gallant. "Et vous êtes en train d'échouer !"

Son partenaire de campagne, le colonel Hezi Nehama, a relayé l'appel de Vach demandant à l'armée de lever toutes les restrictions et a appelé à l'adoption de cette politique sans se faire d'illusions quant au coût que cela représenterait pour les citoyens israéliens.

"Nous devons regarder les gens dans les yeux et leur dire la vérité, à savoir qu'il y aura beaucoup de morts ici, sur les places publiques d'Israël", a déclaré Nehama  à un média des colons israéliens. "Beaucoup d'hommes et de femmes vont être mobilisés parmi les réservistes, cela va coûter très cher, une crise économique sévira pendant les cinq prochaines années, voire plus".

Quelques jours après avoir installé son stand devant le domicile du ministre de la Défense Gallant, Elishav Vach a été interviewé à la télévision publique israélienne au sujet de sa protestation.

La présentatrice de Channel 11, Ayala Hasson, a réservé à Vach un traitement de star et lui a donné le temps d'antenne nécessaire pour plaider en faveur de la suppression de toute aide humanitaire à Gaza.

"Vous nous défendez alors qu'une guerre est en cours", a-t-elle dit avec emphase. "Vous combattez les vrais ennemis. Et c'est source d'inspiration".

Contrairement à ses frères aînés Golan et Yehuda Vach, Elishav Vach ne représente pas l'armée à titre officiel et peut donc s'exprimer plus librement sur ses objectifs et ses aspirations sur le plan intérieur. Dans une interview accordée en 2021, il a exposé son manifeste politique, expliquant comment son groupe Mishelet Am s'efforce d'empêcher Israël de devenir un "État pour tous" - c'est-à-dire une démocratie :

"Quand on voit Mansour Abbas assis à la Knesset comme un roi à qui tout le monde obéit et dont tout le monde dépend, on réalise l'effet boule de neige en train de se produire, et qu'il faut l'arrêter",

s'est plaint Elishav Vach, en référence à un citoyen palestinien d'Israël membre du Parlement dont la petite faction a soutenu le gouvernement de coalition éphémère formé en 2021 et 2022 par Naftali Bennett et composé de partis disparates.

Vach a également dénoncé les membres de ce gouvernement qui

"défendent des questions totalement opposées aux opinions juives, telles que le mariage homosexuel, la conversion pour tous, la réforme des lois casher et d'autres questions qui ternissent de manière agressive l'identité juive".

Aujourd'hui, Elishav se consacre au plaidoyer en faveur de l'anéantissement de la bande de Gaza et de la conquête de nouveaux territoires arabes. Fin décembre 2024, le jeune Vach a été  filmé en train de planter un myrte sur les rives du Litani, au Liban, afin, selon ses propres termes, "d'affirmer sa présence et de consacrer la réalité".

Vach est également  mécène et collecteur de fonds pour Midbara Ka'Eden, un séminaire religieux de la ville méridionale de Mitzpeh Ramon dirigé par le rabbin Tzvi Kostiner, connu pour ses discours de haine.

Kostiner a prêché en faveur de la persécution des homosexuels sur leur lieu de travail et de la  libération anticipée du terroriste juif Amiram Ben-Uliel.

Ce dernier a été condamné à la prison à vie pour avoir brûlé vifs en 2015 un père, une mère et un enfant palestiniens âgés d'un an : Saad, Riham et  Ali Dawabsha, du village de Duma, dans le nord de la Cisjordanie.

Début novembre, Netanyahu a limogé Gallant du ministère de la Défense. Quelques jours plus tard, Hezi Nehama, un officier de réserve et partenaire d'Elishav Vach dans sa campagne anti-Gallant, a été renvoyé de l'armée, apparemment  en raison de ses critiques à l'égard de ses supérieurs, qu'il jugeait trop peu agressifs à Gaza.

La popularité d'Elishav Vach, quant à elle, a continué de croître. Plus tard en novembre, il a été 𝕏 acclamé lors d'une réunion du Grand Rabbinat d'Israël, où il a reçu bénédictions et louanges de Kalman Bar, le nouveau grand rabbin d'Israël.

Le plus jeune des Vach s'est également montré plus franc que ses frères au sujet de l'influence du clan, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'armée.

"Lors de la dernière vague [de combats], nous étions environ 20 personnes dans la bande de Gaza, des membres de la famille proche, dont de très nombreux officiers haut gradés",

a déclaré Elishav  à la radio israélienne en 2024.

Une affaire familiale

Une partie de l'histoire de la famille Vach a peut-être été jugée trop controversée pour être diffusée, car l'interview a été coupée de manière brutale juste au moment où Elishav faisait allusion aux activités sionistes moins connues de la famille.

Dans la même interview de septembre 2024, Elishav a fait remarquer que lorsque son frère aîné Golan n'est pas occupé à chasser les Arabes de Palestine, il s'efforce de militer auprès d'immigrants juifs venus de l'étranger, de concert avec leur père, Shalom Vach. "Parallèlement à ses activités militaires, il poursuit le contrat de mon père, ils sont partenaires", a déclaré Elishav à Radio 103.

Au milieu des années 1980, Shalom Vach a dirigé le conseil municipal de Kiryat Arba, l'une des premières colonies réservées aux Juifs établies après la conquête territoriale de la Cisjordanie par Israël en 1967.

Dès son élection, la première mesure prise par Shalom Vach  a été de former une coalition avec le parti suprémaciste juif Kach de Meir Kahane et de

"licencier immédiatement tous les ouvriers arabes employés par le conseil local, ainsi que les travailleurs arabes employés dans d'autres institutions de la ville", promettant de n'accorder "d'autorisations qu'aux entreprises qui s'engagent à n'employer que des Juifs".

"Chacun de nous a un Kahane dans la tête", a déclaré Shalom Vach au premier biographe de Kahane, le journaliste du Haaretz Yair Kotler. Lorsqu'on lui a demandé en quoi il se distingue de Kahane, Vach a répondu qu'il souhaite qu'Israël absorbe d'abord tous les Juifs du monde, avant de devenir un État théocratique réservé aux Juifs. "C'est la chose à faire", a expliqué Vach. "Il faut sauver l'âme après avoir sauvé le corps".

En 1996, le patriarche Vach a cofondé l'organisation à but non lucratif financée par le gouvernement  Israel Immigrant Absorption avec le  rabbin Oury Cherki, chef spirituel de la faction  Jewish Leadership du parti au pouvoir, le Likud.

Contracté par Israel Immigrant Absorption, Shalom Vach  se rend fréquemment en France, "faisant du porte-à-porte pour récupérer des gens et les ramener en Terre d'Israël".

La France est depuis  longtemps une cible privilégiée des groupes sionistes soutenus par Israël qui cherchent à intimider les membres de l'importante communauté juive française afin qu'ils abandonnent leur patrie pour devenir des colons en Israël, des recrues dans la guerre démographique menée par Israël contre les Palestiniens autochtones.

L'intérêt de la famille Vach pour la France n'est pas un hasard.

Dans ce post sur Twitter/X datant de mars 2024, Yehuda Vach est photographié avec son père Shalom et sa mère Liat Vach, que le journaliste de la radio de l'armée israélienne Shir Bitton identifie respectivement comme des colons belges et français.

L'été dernier, le partenaire de Shalom Vach, Cherki, a publiquement exhorté les soldats israéliens à ne pas se soucier de la sécurité des civils palestiniens à Gaza.

"Au sein de la population dont nous parlons ici, on ne peut pas faire de distinction. En fin de compte, c'est toute une culture qui enseigne le meurtre et la barbarie comme une idéologie, et c'est ainsi qu'elle éduque ses enfants dès leur plus jeune âge", a déclaré Cherki 𝕏 à la chaîne israélienne Channel 11. "Lorsque vous risquez la vie de vos soldats afin de ne pas toucher les civils ennemis, vous n'êtes pas vraiment vertueux. Vous êtes un criminel".

Le rabbin Cherki a également déclaré que les troupes israéliennes sont "tenues" de faire souffrir les Palestiniens.

"Parfois, on a l'obligation morale de faire souffrir les autres quand on mène une guerre entre le bien et le mal", a-t-il estimé.

"Comme il n'y a pas eu 'vengeance' après l'Holocauste", a-t-il affirmé, "le sentiment que le mal est en train de l'emporter s'est développé dans le monde. Dès qu'il y a vengeance, on sait qu'il y a justice dans le monde. Et nous avons le pouvoir de la rendre".

Golan Vach  continue de fournir des justifications aussi perverses à l'anéantissement de la bande de Gaza.

"Nous sommes capables de nous montrer impitoyables envers les Gazaouis parce que nous avons l'amour de l'humanité et que nous prônons la vie",

a déclaré Vach  à un site d'information juif en septembre 2024. "Les combattre est une façon d'aimer l'humanité".

Lorsque Golan ne fait pas exploser des maisons palestiniennes ou n'incite pas au génocide, il reçoit un salaire confortable du groupe de colonisation de son père, Israel Immigrant Absorption, pour convertir les Juifs des pays anglophones et d'Amérique latine.

 Selon Golan Vach,

"la guerre qui se déroule actuellement suscite un engouement dans le monde entier", ce qui a pour conséquence que "des milliers de Juifs retournent en Israël".

Le visage de la propagande des atrocités israéliennes

En tant que partenaire et successeur de son père, Vach parcourt quatre continents pour convaincre les jeunes Juifs d'abandonner leur patrie et de s'installer en Israël "parce qu'une atmosphère toxique ne leur permet plus d'y vivre".

Dans la vie civile, Vach tire parti de la renommée acquise grâce à ses exploits militaires en tant qu'ancien chef de l'équipe de sauvetage de l'armée.

La télévision d'État israélienne 𝕏 le décrit comme "le visage que le monde associe le plus à l'armée israélienne". C'est ce même visage que l'armée israélienne a utilisé après le 7 octobre 2023 pour convaincre les diplomates étrangers et les médias des prétendues exactions commises contre des nourrissons israéliens, qui n'ont jamais eu lieu et ne sont que le fruit de l'imagination malsaine de Vach.

Après les attaques du 7 octobre, Golan Vach a été le premier responsable israélien à organiser des visites VIP et des voyages de presse au  kibboutz Be'eri, inventant de  fausses histoires selon lesquelles il aurait personnellement récupéré les corps de huit bébés israéliens qui auraient été brûlés vifs par des combattants palestiniens, ainsi que le corps d'un neuvième bébé israélien prétendument brûlé et décapité.

Dans une interview, Vach fixe la caméra et affirme avoir vu plusieurs "bébés décapités" qui n'ont jamais existé.

Une  enquête menée en juin 2024 par The Electronic Intifada a révélé que les mensonges de Vach poursuivent deux objectifs. Le premier consiste à dissimuler à tout prix la vérité embarrassante, à savoir que les corps calcinés retrouvés dans la maison de Pessi Cohen, un habitant du kibboutz, n'étaient pas ceux de nourrissons, mais d'un groupe de prisonniers israéliens brûlés vifs par des tirs de chars israéliens sur ordre du brigadier général Barak Hiram.

Le second est de fabriquer un consentement pour le génocide perpétré ensuite à Gaza. Vach a menti à chaque groupe de visiteurs en leur racontant qu'il a évacué des bébés brûlés inexistants, puis a affirmé que leurs souffrances horribles justifient une réponse radicale de la part d'Israël.

"Nous devons purger cette région, pas seulement le périmètre autour du kibboutz", a déclaré Vach  à un journal britannique.

"Nous ne pouvons pas recourir aux mêmes outils démocratiques que le reste du monde",

a-t-il déclaré à CBN News, un média sioniste chrétien basé aux États-Unis.

Dans une interview accordée à un autre journal britannique, Vach a  glissé l'une de ses atrocités inventées dans un appel au nettoyage ethnique en seulement 29 mots :

"Non seulement j'ai vu un bébé décapité par le Hamas, mais je l'ai tenu dans mes mains. Voilà pourquoi cette région doit être purgée de ces gens".

Les mensonges sur la rave Supernova

Outre ses calomnies sordides sur la bataille de Be'eri le 7 octobre 2023, Vach a également attribué d'autres atrocités aux combattants palestiniens qui ont attaqué le  festival de musique Supernova le même jour.

L'armée israélienne affirme que les militants du Hamas auraient tué environ 200 des quelque 3 500 participants au festival, principalement à l'aide de fusils d'assaut.

Dans les semaines qui ont suivi, Vach a affirmé avoir personnellement récupéré les cadavres calcinés de jeunes fêtards israéliens sur le site du festival.

"Nous avons surtout eu affaire à des personnes carbonisées. Le feu brûlait encore, il y avait des piles de corps calcinés dans le périmètre de la fête et en dehors", a déclaré Vach  au quotidien israélien Makor Rishon en octobre 2023. "Ce n'était pas un incendie accidentel provoqué par les tirs. Les ignobles terroristes ont pris les blessés et les morts, les ont empilés et ont mis le feu".

Vach n'a jamais expliqué comment des combattants légèrement armés auraient pu transporter ou se procurer l'énorme quantité de carburant ou accélérateur nécessaire pour procéder à une crémation massive - et les médias, désireux de reproduire ses mensonges sans les remettre en question, ne lui ont généralement pas posé la question.

Le quotidien britannique Daily Express a également publié comme une fait avéré l'affirmation de Vach selon laquelle, sur le site du festival Supernova,

"des cadavres ont été regroupés, abattus puis brûlés, les terroristes ne montrant aucune pitié".

Dans cette version, Vach  a affirmé avoir été témoin "d'au moins 65 jeunes garçons et filles empilés et brûlés ensemble".

Sur le site d'information israélien The Times of Israel, le rédacteur en chef David Horovitz  a rapporté que Vach aurait retiré

"120 corps d'un bûcher dressé par le Hamas avec ses victimes lors du festival de musique en plein air Supernova". Horovitz a écrit que "Vach et son équipe ont retiré les corps du bûcher", a-t-il expliqué aussi calmement que possible, "afin qu'ils ne soient pas consumés au point de ne plus pouvoir être identifiés".

Vach a fait la même déclaration à un média israélien.

"Plus de 120 jeunes ont été rassemblés et brûlés lors du festival de musique", a  affirmé Vach à Channel 7. "Nous avons brûlé nos chaussures en essayant de tous les sortir".

En réalité, les corps d'environ 18 Israéliens ont été retrouvés sur le parking de Supernova, à l'intérieur et autour d'une ambulance que des combattants palestiniens ont attaquée à coups de fusils, de grenades et de roquettes RPG, a déclaré Aviyah Margolin, un survivant de l'attaque, à la chaîne de télévision publique israélienne Kan.

Les corps retrouvés plus tard dans le véhicule incendié étaient entièrement calcinés, mais les cadavres carbonisés ont été retrouvés sur place, et non empilés.

Plusieurs vidéos conservées en ligne, qui auraient été filmées sur le site de la rave Supernova dans la nuit du 7 octobre, semblent montrer les forces de secours israéliennes en train de recenser les restes calcinés d'une vingtaine de corps. Aucun des cadavres noircis apparaissant dans les vidéos ne semble avoir été empilé.

À l'exception de Golan Vach, aucun autre premier intervenant israélien n'a témoigné avoir vu des piles de corps calcinés au festival Supernova le 7 octobre, et leurs récits n'ont pas été sauvegardés en ligne.

En novembre 2023, le gouvernement israélien a admis avoir incendié les corps d'au moins 200 combattants palestiniens et les avoir initialement considérés comme des victimes israéliennes.

"Nous avions initialement déclaré que l'attaque atroce perpétrée par le Hamas contre notre peuple le 7 octobre avait fait 1 400 victimes, mais nous avons révisé ce chiffre à la baisse, à 1 200, car nous avons compris que nous avions surestimé le nombre de victimes et commis une erreur",

a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien Mark Regev  à MSNBC.

"Certains corps étaient tellement brûlés que nous avons pensé qu'il s'agissait des nôtres, mais il s'est avéré qu'il s'agissait en fait de terroristes du Hamas".

Le même mois, la police israélienne  a admis qu'au moins un hélicoptère militaire israélien a tiré sans discernement sur des participants au festival Supernova le 7 octobre, visant ostensiblement des "terroristes", mais touchant un nombre indéterminé de civils.

En janvier 2024, le quotidien israélien Yedioth Ahronoth  a rapporté que le 7 octobre, des chars, des drones et des hélicoptères israéliens ont fait exploser "quelque 70 véhicules" conduits par des combattants palestiniens qui retournaient à Gaza, et que de nombreux Israéliens auraient également été brûlés vifs lors de ces attaques.

Ces derniers mois, l'armée israélienne a effectué des prélèvements aléatoires sur des sacs mortuaires contenant, selon elle, les restes de combattants palestiniens tués le 7 octobre 2023, et a découvert qu'ils contenaient également l'ADN d'Israéliens morts, a  rapporté le journal au début du mois.

Les responsables israéliens sont désormais divisés sur l'opportunité de procéder à un nouveau test de l'ensemble des 1 660 sacs conservés à la base de Sde Teiman, ainsi que de plus de la moitié des 350 sacs conservés à la base de Shura, jusqu'à présent supposés contenir les corps de victimes israéliennes.

En décembre 2024, le rapport de l'armée israélienne sur l'attaque du festival Supernova  a révélé qu'un nombre significatif de corps retrouvés sur le site semblent avoir été amenés là après les faits, et ne sont pas ceux d'individus tués lors de la fête.

Le brigadier général Ido Mizrahi a été entendu en train d'informer les hauts gradés de l'armée dans des enregistrements publiés par la chaîne publique israélienne Kan :

"220 à 230 corps ont été retrouvés là-bas. C'est le chiffre approximatif des corps que nous avons récupérés dans l'enceinte de [Supernova], soit nettement moins que le nombre de victimes présentes à la fête.

"En d'autres termes, au cours de cette journée, un grand nombre de corps ont été transportés vers cette enceinte, et je ne sais pas pourquoi", a ajouté Mizrahi.

Ni Kan ni aucun autre média, israélien ou étranger, n'a jusqu'à présent remis en question la raison pour laquelle les corps des Israéliens tués auraient été transportés vers le site de Supernova et déposés là.

Les preuves accumulées suggèrent que Golan Vach a menti en affirmant que des combattants palestiniens auraient rassemblé des dizaines de fêtards de Nova en tas et les auraient incendiés. Comme dans ses affabulations sur Be'eri, Vach a cherché à présenter les Palestiniens comme des barbares sans pitié qui méritent d'être exterminés en représailles, et à couvrir les forces israéliennes qui ont incinéré nombre de leurs propres citoyens ce jour-là avec des missiles et des obus de mortier.

Dans une interview accordée au méga-collecteur de fonds sioniste chrétien  Mike Evans, publiée en novembre 2023, Vach a également affirmé que des combattants palestiniens auraient violé des festivaliers du Supernova dans la zone du bar du festival. "Ils ont violé des femmes sur les réfrigérateurs" a déclaré Vach en montrant un groupe de grands réfrigérateurs rouges.

Une femme qui s'était cachée dans l'un des réfrigérateurs du festival a témoigné avoir entendu d'autres fêtards dans la zone du bar se faire abattre par des combattants palestiniens.

"J'ai entendu quelqu'un ouvrir un réfrigérateur, et une femme dire : 'Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?' Et puis - bang, bang, bang", a déclaré Elinor Gambarian, 24 ans. "Le mal incarné, juste devant vous. J'ai tout compris sans avoir rien vu".

Gambarian affirme que des grenades ont également été utilisées lors de l'attaque du bar et que lorsqu'elle est sortie de sa cachette après six heures, elle a vu de nombreux cadavres. Bien que Gambarian n'ait pas épargné les détails graphiques des horreurs dont elle dit avoir été témoin, elle n'a pas affirmé avoir entendu parler d'inconduites sexuelles dans la zone des réfrigérateurs.

Vach a également déclaré au Daily Express qu'il a personnellement vu les cadavres de dizaines de femmes israéliennes déshabillées et ligotées, laissant entendre que des combattants palestiniens les auraient violées et exécutées.

"Je peux également témoigner avoir vu une centaine de femmes ligotées et nues", a  déclaré Vach. "Je ne sais pas ce qui leur est arrivé avant qu'elles ne soient tuées".

Dans une autre interview quelques jours plus tard, M. Vach a inexplicablement réduit le nombre de femmes qu'il aurait vu de ses propres yeux, nues et ligotées, d'"une centaine" à seulement deux.

"J'ai vu deux femmes dont les bras étaient attachés dans le dos", a déclaré M. Vach. "Elles étaient complètement nues".

Un seul autre Israélien a affirmé avoir personnellement vu des femmes attachées à des arbres lors du festival Supernova. Un rapport publié en février 2024 par l'Association des centres d'aide aux victimes de viol en Israël indique que l'agriculteur israélien Rami Davidian a vu les corps de six femmes ou plus "nues. Leurs mains étaient attachées à l'arbre avec des vêtements ou des couvertures, ou elles étaient debout, penchées, attachées à l'arbre".

Dans le film de propagande sur les atrocités de 2024  Screams Before Silence, narré par l'ancienne cadre milliardaire de Facebook Sheryl Sandberg, Davidian a affirmé avoir été le seul témoin d'une scène de crime où pas moins de 30 femmes ont été violées et assassinées, ce qui représente une augmentation significative par rapport à la précédente affirmation de "six ou plus". Davidian a également revendiqué avoir altéré la scène du crime, en déplaçant et en recouvrant tous les corps nus, "afin que personne d'autre ne puisse voir ce que j'ai vu".

En avril, la chaîne israélienne Channel 13 a annulé la diffusion d'un documentaire de 50 minutes exposant Davidian comme un escroc ayant acquis gloire et fortune en inventant des histoires à dormir debout sur les attentats du 7 octobre.

"Il ne s'agit pas d'exagérations mineures",  a écrit le journaliste de Channel 13, Raviv Drucker après que le reportage que son équipe a minutieusement produit a été censuré par le PDG de la chaîne.

"Ce sont des histoires inventées de toutes pièces. Des histoires effrayantes qui ne se sont jamais, jamais produites".

Tout comme ses mensonges sur les bébés israéliens décapités et brûlés le 7 octobre, les affirmations non fondées de Golan Vach selon lesquelles il aurait personnellement été témoin de viols collectifs commis contre des Israéliennes le même jour ont été utilisées pour susciter et entretenir un soutien inconditionnel à l'anéantissement de la bande de Gaza par Israël.

Avec le soutien d'Israël

Vach est également responsable d'avoir fait appel au groupe ultra-orthodoxe  ZAKA pour récupérer les corps des Israéliens tués le 7 octobre, éclipsant ainsi l'unité du Commandement du front intérieur de l'armée spécialement formée pour cette tâche macabre. Outre Vach lui-même, les premiers intervenants de ZAKA se sont rendus coupables de certains des  mensonges les plus effroyables répandus au sujet des événements de cette journée.

Alors que les mensonges de ZAKA ont été complètement discrédités, le colonel qui les a introduits sur le champ de bataille et a utilisé sa notoriété pour convaincre les politiciens et les équipes de presse du monde entier de l'existence d'atrocités horribles qui n'ont jamais eu lieu est toujours cité par les hauts responsables israéliens comme une source d'information fiable.

Netanyahu, en particulier, s'appuie sur les mensonges de Golan Vach lorsqu'il répète régulièrement 𝕏 en ligne, devant le  Congrès américain et l'𝕏 Assemblée générale des Nations unies, que le 7 octobre, "ils ont brûlé des bébés vivants".

Plus récemment, Netanyahu 𝕏 a refait cette même déclaration le 4 février à la Maison Blanche, et le président Donald Trump a appelé à achever le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

Sans doute sous l'effet de ces mensonges répétés, les hauts responsables politiques américains continuent de le propager, comme l'a fait récemment le sénateur Chuck Schumer, actuellement le plus haut responsable démocrate élu, dans une émission de la chaîne ABC intitulée The View.

L' article publié en juin 2024 par The Electronic Intifada dénonçant les mensonges de Golan Vach n'est toutefois pas passé inaperçu en Israël.

Après la blessure de Vach en septembre 2024, un groupe d'anciens porte-parole du gouvernement israélien a copié une photo de Vach publiée en exclusivité par EI et l'a utilisée dans un clip vidéo 𝕏 publié qualifiant Vach de "héros d'Israël".

Le mois suivant, une émission de la télévision d'État israélienne 𝕏 a admis que les bébés brûlés inventés par Vach constituent "l'un des mensonges les plus honteux du 7 octobre", regrettant non pas que ses mensonges aient été utilisés pour renforcer le soutien à la campagne de génocide qui a suivi, mais qu'ils aient été "utilisés plus tard contre nous comme preuve de notre manque de fiabilité".

"Avec le recul, nous savons que cela ne s'est pas produit", a expliqué Guy Zohar, animateur de l'émission On the Other Hand. "Mais d'un autre côté, le monde l'a rapporté comme si cela s'était produit".

Près d'un an après que The Electronic Intifada a révélé pour la première fois en juin 2024 que Vach a inventé le canular des bébés brûlés pour couvrir le brigadier général Barak Hiram qui a brûlé vifs sept civils captifs au kibboutz Be'eri, la trahison est enfin exposée de manière publique pour la première fois en hébreu.

"Nous serait-il plus facile de parler de fausses histoires de huit bébés brûlés que de la décision de bombarder à mort les habitants du kibboutz ?",

 demande le journaliste israélien Israël Frey dans une vidéo Instagram publiée plus tôt dans la journée.

"Les histoires horribles qui ont été diffusées et qui continuent de l'être dans le monde entier ont atteint exactement leur but : susciter de la rage, de la déshumanisation et une soif de vengeance qui ont servi de prétexte à l'occupation de Gaza, et de permis de tuer", conclut Frey. "Voilà comment le génocide a été justifié".

Jusqu'à présent, le gouvernement israélien a continué à s'appuyer sur Golan Vach, le plus grand menteur de l'histoire du 7 octobre, pour expliquer ce qui s'est réellement passé ce jour-là.

Lors de la première cérémonie commémorative annuelle organisée par le Parlement israélien pour marquer ces événements, Vach a été recruté par le président de la Knesset, Amir Ohana, pour  organiser un "briefing destiné aux ambassadeurs des pays en poste en Israël".

Lorsque l'accord de cessez-le-feu de janvier 2025 a menacé de mettre un frein à ses plans ambitieux pour Gaza, le colonel Vach, frustré, a répété ses histoires d'atrocités du 7 octobre, ajoutant qu'elles sont bien pires que l'Holocauste nazi.

"Ce ne sont pas des êtres humains, à voir la façon dont ils ont traité les femmes, les bébés, les personnes âgées",

a déclaré Vach lors d' un podcast animé par Gabe Groisman, avocat et gendre de  Simon Falic, principal bailleur de fonds du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du mouvement suprémaciste juif Kahane.

"On devrait remplacer les photos des dirigeants du Hamas et mettre deux ou trois fois plus de photos d'Hitler. Parce que ce qu'ils font en ce moment, leurs intentions à notre égard et à l'égard du monde libre sont pires que celles des nazis", s'est exclamé Golan Vach. "Les nazis ne voulaient pas éliminer, démolir, tuer tout le monde. Ils voulaient régner. Ils voulaient contrôler. Ils voulaient conquérir ! Eux [le Hamas], ils ne veulent pas seulement cela. Ils veulent que vous soyez tous soumis au jihad. Et c'est à cela que nous avons affaire".

Pour Vach, la responsabilité du génocide n'incombe pas aux nazis ou aux Israéliens, mais plutôt au peuple palestinien, proclamant que

"les Gazaouis se dirigent tout droit vers leur extermination totale".

Le révisionnisme de Vach, qui blanchit Hitler - afin de justifier l'extermination des Palestiniens - fait écho aux  déclarations largement condamnées de Netanyahu il y a dix ans, qui avait de manière ignoble rejeté la responsabilité de l'Holocauste nazi sur les Palestiniens.

En réponse aux questions envoyées par e-mail par ce journaliste sur les affirmations non fondées qu'il a répétées à plusieurs reprises, Golan Vach a refusé de répondre et a renvoyé toute demande d'informations supplémentaires au bureau du porte-parole de l'armée israélienne.

En janvier, une coalition de législateurs israéliens issus du gouvernement et de l'opposition a ciblé ceux qui dénonceraient les mensonges d'Israël au sujet du 7 octobre,  adoptant une loi qui prévoit jusqu'à cinq ans de prison en cas de "dénégation" du récit officiel sioniste des événements de cette journée.

La loi ne précise pas quelles affirmations israéliennes concernant cette journée constituent désormais un délit négationniste. En janvier, un responsable israélien  a affirmé que le nombre d'Israéliens décapités le 7 octobre s'élevait à au moins 600.

Yehuda Vach, responsable de la destruction d'une grande partie du nord de Gaza, a désormais le soutien du nouveau  ministre de la Défense et du  chef d'état-major de l'armée israélienne pour mener à bien la destruction du reste de la bande de Gaza.

En mars, des soldats sous les ordres de Vach  ont détruit l'hôpital turco-palestinien de l'amitié dans le centre de Gaza et  exécuté 15 ambulanciers et travailleurs humanitaires palestiniens dans le sud de Gaza, les enterrant ainsi que leurs ambulances.

Que les frères Vach - Golan, Yehuda et Elishav - ne soient pas sanctionnés par l'armée pour leurs mensonges et leurs actes subversifs, mais soient au contraire 𝕏 loués et promus par les dirigeants politiques et invités à commettre d'autres crimes de guerre, montre à quel point l'Israël officiel partage leurs aspirations génocidaires.

Les soldats israéliens interrogés par Haaretz sur les destructions commises dans la bande de Gaza ont qualifié les frères Vach de milice pseudo-rebelle, de milice d'élite au sein de l'armée.

Comme l'a  fait remarquer Gideon Levy, chroniqueur vétéran du journal, le pouvoir et l'impunité dont jouit la famille Vach sont la preuve quotidienne "qu'Israël les soutient".

Traduit par  Spirit of Free Speech

* David Sheen est l'auteur de  Kahanism and American Politics: The Democratic Party's Decades-Long Courtship of Racist Fanatics (Le kahanisme et la politique américaine : la cour que le Parti démocrate fait depuis des décennies aux fanatiques racistes).

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