France-Soir
Le ministère de la Justice américain enquête sur les revues médicales, en lien avec les préoccupations de Bhattacharya
Début avril 2025, une annonce a secoué la communauté scientifique : le ministère de la Justice des États-Unis (DOJ) a lancé une enquête sur certaines des plus grandes revues médicales, telles que CHEST, The New England Journal of Medicine (NEJM) et Obstetrics and Gynecology, pour des soupçons de partialité, de fraude et de corruption dans leurs pratiques éditoriales, notamment pendant la pandémie de COVID-19. Cette initiative, qui fait suite à des lettres envoyées par le DOJ aux revues, soulève des questions cruciales sur l'intégrité scientifique et les conflits d'intérêts dans le domaine médical. Elle résonne également avec les préoccupations exprimées par des figures comme le Dr Jay Bhattacharya, directeur du National Institutes of Health (NIH), qui milite pour restaurer l'intégrité scientifique et contrer la « capture » de la science par des intérêts politiques et financiers.
L'enquête du DOJ : accusations de partialité et de censure
L'enquête du DOJ a été mise en lumière par des lettres adressées à plusieurs revues médicales, dont une à CHEST, demandant des explications sur leurs processus éditoriaux et leur gestion des « points de vue divergents ». Selon un article de The Focal Points, ces lettres visent des membres éminents du « complexe bio-pharmaceutique », accusés de conflits d'intérêts financiers, de rétractations injustifiées d'études critiques et de suppression de données sur la sécurité des vaccins contre la COVID-19. L'article suggère que ces revues sont devenues des « véhicules promotionnels » pour les vaccins, en publiant principalement des études qui en vantaient l'efficacité et la sécurité, tout en écartant celles qui mettaient en évidence des risques.
Un post sur X du Dr Peter McCullough, daté du 29 avril 2025, a amplifié cette annonce :
BREAKING: Department of Justice Launches Inquiry Into Top Medical Journals Over Pandemic Bias, Fraud, and CorruptionDOJ Letters Target Prominent Members of Bio-Pharmaceutical Complex over Financial Conflicts, Wrongful Retractions, and Suppression of Vaccine Safety Data… pic.twitter.com/bbYGVe7aI7
— Peter A. McCullough, MD, MPH® (@P_McCulloughMD) 𝕏 April 29, 2025
Ce commentaire reflète une méfiance croissante envers les revues scientifiques, accusées d'avoir manipulé le discours public sur les vaccins. McCullough cite deux études publiées dans l'International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research, qui concluent que les vaccins à ARNm contre la COVID-19 étaient inefficaces et dangereux, contrairement au narratif dominant. Ces allégations, bien que controversées, alimentent le débat sur la transparence et l'objectivité des revues médicales.
Un autre commentaire sur X, publié par l'utilisateur 𝕏 Eric Reinhart, critique l'approche du DOJ : « Cette intervention du DOJ est une tactique maladroite. Le procureur n'a pas les compétences pour juger des débats scientifiques. Cela risque de nuire à la liberté académique. »
Ce point de vue illustre les tensions entre la nécessité de réguler les pratiques scientifiques et le risque d'une ingérence perçue comme une atteinte à la liberté d'expression.
La réponse de CHEST et la controverse
Dans une déclaration officielle publiée le 18 avril 2025, CHEST a défendu ses pratiques, affirmant son engagement envers des normes éthiques élevées et soulignant son rôle dans les avancées médicales durant ses 90 ans d'histoire. La revue a également indiqué que ses avocats examinaient la lettre du DOJ, rendue publique sans leur consentement. Cette réponse reflète une volonté de maintenir la crédibilité scientifique face à des accusations graves.
Cependant, l'enquête a suscité des inquiétudes parmi les scientifiques. Selon NBC News, certains experts estiment que les lettres du DOJ constituent une forme de « harcèlement » et une menace pour la liberté académique, protégée par le premier amendement. Ils craignent que cette intervention ne vise à influencer le discours scientifique, en particulier sur des sujets controversés comme les vaccins, dans le contexte du gouvernement Trump, réélue en 2024.
Le lien avec les préoccupations de Jay Bhattacharya sur la capture de la science
Cette enquête s'inscrit dans un débat plus large sur la « capture » de la science, un concept que le Dr Jay Bhattacharya a longuement abordé, notamment lors de son audition de confirmation pour le poste de directeur du NIH en mars 2025.
Bhattacharya, co-auteur de la Great Barrington Declaration en 2020, qui prônait une protection ciblée des populations vulnérables plutôt que des confinements généralisés, a critiqué la politisation de la science pendant la pandémie. Il a dénoncé une « culture de dissimulation, d'obfuscation et d'intolérance envers les idées divergentes » au sein des institutions scientifiques, y compris le NIH.
Ce que Bhattacharya a dénoncé est en adéquation avec la jurisprudence de la CEDH Hertel qui rappelle avec force : « la science avance par ruptures, par des voix dissidentes défiant les consensus établis, non par une vérité imposée par la majorité ».
Dans une interview avec The Free Press en avril 2025, Bhattacharya a souligné l'importance de restaurer la confiance du public dans la science en favorisant un débat ouvert et en éliminant les influences idéologiques et financières qui faussent la recherche. Il a notamment critiqué la censure de certaines idées pendant la pandémie, comme celles qu'il a lui-même défendues, qualifiées de « désinformation » par les grandes plateformes technologiques et les autorités sanitaires.
L'enquête du DOJ sur les revues médicales fait écho aux préoccupations de Bhattacharya. Les accusations de conflits d'intérêts financiers et de suppression de données critiques rappellent ses avertissements sur la manière dont les institutions scientifiques peuvent être « capturées » par des intérêts industriels, notamment ceux de l'industrie pharmaceutique. Dans un article publié sur RealClearMarkets en 2023, Bhattacharya et son co-auteur Rav Arora ont décrit la pandémie comme ayant révélé « l'ampleur stupéfiante de la capture politique et institutionnelle de la science », soulignant comment les revues scientifiques ont parfois privilégié des narratifs alignés sur les intérêts des grandes entreprises pharmaceutiques.
Lors de son audition, Bhattacharya a promis de réformer le NIH en encourageant la transparence et le pluralisme scientifique. Il a déclaré : « La clé pour restaurer la confiance du public est la transparence. Les institutions scientifiques doivent être ouvertes à l'examen et au débat. » Cette vision s'aligne sur les critiques actuelles contre les revues médicales, accusées d'avoir étouffé les voix dissidentes et d'avoir promu un discours unilatéral sur les vaccins. Ou bien d'avoir tenté de discréditer les alternatives thérapeutiques comme celles utilisées avec succès à l'IHU méditerranée et dans de nombreux pays. Le Pr Raoult était venu parler de l'industrie des revues scientifiques en dénonçant le fait qu'elles « imposaient des règles strictes empêchant le partage du savoir ».
Une enquête aux implications majeures
L'enquête du DOJ intervient dans un climat de polarisation, où la science est devenue un champ de bataille politique. Pour certains, comme Peter McCullough, elle représente une étape nécessaire pour exposer les dérives des revues scientifiques et rétablir l'intégrité dans la publication médicale. Pour d'autres, comme Eric Reinhart, elle risque de compromettre la liberté académique et d'intimider les chercheurs.
Les préoccupations de Jay Bhattacharya sur la capture de la science trouvent un écho direct dans cette affaire. En tant que directeur du NIH, il est probable qu'il soutienne des initiatives visant à accroître la transparence dans les revues scientifiques, à enquêter sur les conflits d'intérêts et à promouvoir un débat scientifique plus ouvert. Cependant, son passé de critique des politiques pandémiques, souvent qualifié de controversé, pourrait compliquer sa capacité à unifier la communauté scientifique autour de ces réformes.
L'enquête du DOJ sur les revues médicales met en lumière des problèmes systémiques dans la publication scientifique, amplifiés par les commentaires sur X de figures comme Peter McCullough et Eric Reinhart. Elle souligne la nécessité de réformer un système où les conflits d'intérêts et la censure potentielle peuvent compromettre l'intégrité scientifique. En parallèle, les efforts de Jay Bhattacharya pour contrer la capture de la science et restaurer la confiance publique offrent un cadre pour comprendre cette controverse.Dans notre dernier entretien, le professeur Raoult avait évoqué « la nécessité de contrepouvoirs pour maintenir l'intégrité scientifique », insistant sur le fait que « la science doit être protégée des intérêts financiers pour véritablement servir le public ». L'équipe de chercheurs de l'IHU méditerranée, sujets à un harcèlement incessant depuis 2020, par instrumentalisation du réseau PubPeer ou des autorités administratives suivront probablement ces développements avec intêret.
Alors que l'enquête progresse, elle pourrait redéfinir les normes de transparence et d'objectivité dans la recherche médicale, mais elle devra naviguer avec prudence pour éviter d'alimenter davantage la méfiance envers la science.