11/05/2025 ssofidelis.substack.com  23min #277629

 Israël reprend son agression contre Gaza et rompt le cessez-le-feu

Un génocide déguisé

Par  Story Ember leGaïe, le 9 mai 2025

Seuils caloriques, barrières biométriques et politique de survie rationnée.

Pas une aide, une infrastructure du blocus

À première vue, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) se présente comme une solution neutre, efficace et financée par des fonds privés à une crise catastrophique. Avec ses rapports élégants, ses dirigeants issus de l'armée et ses normes de conformité inspirées de Wall Street, elle promeut un modèle technocratique d'aide "sécurisée" aux Palestiniens pris au piège de la famine orchestrée à Gaza. Elle a recours à un discours humanitaire - neutralité, dignité, transparence - pour masquer sa véritable nature : un mécanisme de contrôle chargé de gérer la famine et la surveillance sous blocus israélien.

Il ne s'agit pas d'aide humanitaire. Il s'agit d'une structure de blocus déguisée en compassion. La GHF ne remplace pas des systèmes défaillants, elle institutionnalise des programmes contrôlés par des puissances étrangères et alignés sur l'occupation, qui privent définitivement la société civile palestinienne de tout pouvoir tout en offrant aux bailleurs de fonds internationaux un déni plausible.

Soyons clairs :

La GHF n'est pas une alternative à la faillite de l'humanitarisme. C'est le visage commercial de la gestion du blocus.

  • Il ne fonctionne pas comme une bouée de sauvetage, mais comme le soutien logistique de l'apartheid, conçu pour rationner strictement la survie et renforcer la mainmise étrangère sur chaque calorie et chaque boîte de ration distribuée.
  • Il remplace les soldats d'occupation par des sociétés militaires privées, l'accès équitable par des bases de données biométriques et l'autodétermination par des pistes d'audit.
  • Il normalise l'idée que la nourriture et l'eau doivent passer par la coordination militaire israélienne, le contrôle occidental et la surveillance financière américaine avant d'atteindre un seul Palestinien.

Ce n'est pas de la neutralité, mais une occupation opérationnelle.

En mettant en place des "sites de distribution sécurisés" (SDS) à l'intérieur d'un territoire assiégé sans consentement, sans leadership local et sans participation significative du peuple palestinien, GHF établit les bases d'une gouvernance par procuration. Ces centres ne responsabilisent pas les communautés, ils les réglementent. Ils ne sont pas conçus pour la souveraineté palestinienne, mais pour gérer la pénurie et maintenir une population soumise dans des zones étroitement surveillées.

C'est une logistique d'apartheid privatisée. C'est une domination coloniale par procuration sous forme biométrique. C'est l'économie du blocus 2.0, externalisée à des ONG, aseptisée par l'image de marque et pleinement intégrée dans les structures du pouvoir impérial.

C'est une infrastructure d'exclusion, conçue pour contrôler l'accès aux besoins les plus fondamentaux tout en muselant la dissidence et en contournant toute notion d'action collective palestinienne.

Il n'y a pas d'humanitarisme dans un système fondé sur la logique de l'occupation. Il n'y a que de la complicité.

⸻ Marginalia : les seuils caloriques comme politique génocidaire ⸻

L'obsession de la Fondation humanitaire de Gaza à fournir 1 750 kilocalories par repas n'est pas une référence nutritionnelle neutre, mais la codification d'une intention génocidaire à travers la privation quantifiée.

En vertu de l'article II(c) de la Convention sur le génocide, "soumettre intentionnellement un groupe à des conditions d'existence calculées pour provoquer sa destruction physique totale ou partielle" constitue un acte de génocide. Fixer des plafonds caloriques en dessous du niveau de subsistance, en particulier dans des conditions de blocus, de déplacements massifs et d'effondrement du système alimentaire, répond à ce critère. L'histoire d'Israël en matière de calculs caloriques pour Gaza, y compris le document de 2012 sur les "lignes rouges", a déjà établi un précédent de famine imposée sous couvert de stratégie administrative.

La participation du GHF à la distribution de rations dans le cadre de ce dispositif militaire - coordonnée avec la puissance occupante, acheminée par des couloirs contrôlés par Israël et imposée sans le consentement des Palestiniens - le rend complice de l'administration d'une économie de blocus génocidaire. Il ne s'agit pas d'aide humanitaire. Il s'agit de la gestion institutionnelle d'une extermination lente.

Contrôles biométriques, zones fortifiées : une aide militarisée à dessein

Les « sites de distribution sécurisés » (SDS) proposés par le GHF ne sont pas des espaces humanitaires, mais des complexes militarisés conçus pour le confinement et non pour fournir des soins. Ce ne sont pas des lieux de refuge, mais des zones tactiques, surveillées par des mercenaires armés, entourées de clôtures et soumises à un contrôle direct du régime d'occupation israélien.

Appelons un chat un chat : Il s'agit d'un centre logistique militaire déguisé en banque alimentaire.

Le GHF prévoit d'intégrer la reconnaissance faciale, le contrôle biométrique et la réglementation des déplacementsdans tous les aspects de l'accès à l'aide. L'entrée dans ces sites sera soumise à des couloirs contrôlés par Israël, ce qui signifie que les Palestiniens devront se soumettre à une surveillance, à un contrôle et à des checkpoints militarisésavant de recevoir de l'eau, de la farine ou des antibiotiques. Il ne s'agit pas d'un accès libre, mais deblocus dotés de serrures high-tech.

Le GHF affirme qu'il n'y a "aucune condition d'éligibilité". Mais dans la pratique, l'éligibilité est contrôlée à la périphérie, où Israël décide qui peut circuler, qui est scanné, qui est signalé et qui est refoulé.

Ces zones de sécurité fonctionneront comme les zones tampons de la période d'occupation, restreignant la mobilité des Palestiniens tout en se faisant passer pour des infrastructures humanitaires. Le personnel armé - le GHF le confirme - sera issu du personnel qui a opéré durant le contrôle israélien du couloir de Netzarim pendant la soi-disant "trêve". Ce couloir est en réalité un passage à haut risque, étroitement surveillé, où la nourriture entrait au compte-gouttes tandis qu'Israël bombardait depuis les airs.

Aujourd'hui, les tactiques mêmes de l'occupation - contrôle, filtration, fragmentation - sont reproduites sous l'apparence d'une structure d'aide permanente.

L'aide est militarisée et les Palestiniens sont traités comme un peuple à gérer, et non comme des êtres humains à soutenir.

  • Les mercenaires armés font office de gardiens, et non de protecteurs.
  • La collecte de données biométriques ouvre la voie à une gouvernance de surveillance à long terme.
  • La coordination avec l'armée israélienne et le COGAT montre que l'ensemble du système fonctionne comme le bras armé de l'occupation illégale, que l'armée israélienne soit physiquement présente ou non.

Ce n'est pas un couloir humanitaire. C'est un checkpoint numérique emballé dans une langue de donateurs.

Et une fois normalisés, ces systèmes disparaissent rarement. Le contrôle biométrique, une fois mis en place, devient l'infrastructure d'une répression future. Le modèle GHF n'est pas une solution temporaire, mais un échafaudage pour un contrôle étranger permanent, se faisant passer pour de la compassion.

Il ne s'agit pas de sauver des vies. Il s'agit de contrôler les conditions de vie autorisées aux populations.

Entièrement géré par des étrangers. Intégralement colonial.

Soyons bien clairs : pas un seul Palestinien n'occupe de poste de direction, au sein du conseil d'administration, de l'équipe consultative ou de la conception opérationnelle de la Gaza Humanitarian Foundation. Pas une seule voix des personnes "aidées" n'est représentée dans les instances décisionnelles d'une organisation qui revendique désormais le contrôle des ressources vitales de plus de deux millions de Palestiniens soumis au blocus.

Ce n'est pas le fruit du hasard. C'est délibéré.

La GHF est dirigée, composée et gouvernée entièrement par des agents occidentaux d'élite, vétérans de la guerre impérialiste américaine, de Wall Street et des régimes de surveillance internationale. Selon les propres documents de la GHF :

  • Jake Wood, directeur exécutif - vétéran du Corps des Marines des États-Unis et fondateur de Team Rubicon, un groupe d'intervention en cas de catastrophe réputé pour avoir intégré une logistique d'inspiration militaire dans le contexte humanitaire.
  • John Acree, chef de mission - ancien agent de l'USAID ayant une expérience dans les interventions en cas de catastrophe à l'étranger, les programmes de stabilisation et la coordination civilo-militaire dans les zones de conflit.
  • David Burke, directeur des opérations - autre Marine américain et cadre de Team Rubicon, supervise désormais la logistique, les finances, la conformité et le contrôle organisationnel.

Le conseil d'administration est un véritable vivier du capitalisme humanitaire et de la philanthropie sécurisée :

  • Nate Mook, ancien PDG de World Central Kitchen, un groupe d'aide humanitaire centré sur les États-Unis récemment critiqué pour avoir relayé les discours médiatiques des donateurs.
  • Raisa Sheynberg, ancienne directrice du financement du terrorisme au Trésor américain, aujourd'hui vice-présidente de Mastercard -oui, une responsable de la surveillance du crédit qui décide qui a le droit de manger.
  • Jonathan Foster, un financier de Wall Street avec des dizaines d'années d'expérience dans les fusions et acquisitions, qui calcule désormais le coût de l'aide comme les actifs d'un portefeuille.
  • Loik Henderson, avocat spécialisé dans la gouvernance d'entreprise pour des sociétés classées au Fortune 500, qui serait probablement incapable de citer un seul camp de réfugiés à Gaza si on le lui demandait.

Et cela ne s'arrête pas là. Le conseil consultatif tient plutôt d'une réunion de l'OTAN :

  • LTG Mark Schwartz, ancien coordinateur américain pour la sécurité en Israël et dans les Territoires palestiniens, un rôle destiné à maintenir la "stabilité" grâce à la coordination avec les forces d'occupation.
  • Bill A. Miller, ancien chef de la sécurité des Nations unies et haut responsable du Service de sécurité diplomatique américain, qui a longtemps opéré dans des régions sous occupation militaire américaine.
  • David Beasley, ancien directeur du Programme alimentaire mondial nommé par Trump, dont le mandat a été marqué par une militarisation sans précédent de l'aide alimentaire et une géopolitique sélective dans sa distribution.

Ce ne sont pas des humanitaires. Ce sont les artisans de la sécurisation et de l'austérité mondiales, drapés dans une image philanthropique.

La composition du GHF reflète la logique du consortium colonial :

  • Les Palestiniens doivent être surveillés, pas consultés.
  • Gérés, pas autonomisés.
  • Contrôlés, pas dignes de confiance.
  • Gouvernés, mais sans gouvernance.

Tous sont des décideurs occidentaux. Tous les processus passent par des institutions américaines, des checkpoints israéliens et des circuits financiers élitistes. Et toutes les décisions concernant la manière, le moment et les destinataires de la distribution alimentaire sont prises sans qu'aucune voix palestinienne ne soit prise en compte.

Ce n'est pas de la gouvernance humanitaire. C'est une administration coloniale reconditionnée dans un langage d'ONG.

Le GHF ne se contente pas d'exclure les acteurs palestiniens, il les réprime activement. Il remplace les structures d'intervention locales par des cadres occidentaux militarisés. Il dévalorise l'expertise acquise sur le terrain et la remplace par une surveillance bureaucratique et un contrôle biométrique. Il reproduit les pires schémas du complexe industriel des ONG : dirigé par une élite, exempt de toute obligation de rendre des comptes, vénérant les donateurs et profondément complice de l'occupation.

Ce n'est pas de l'aide. C'est le bras armé à but non lucratif du régime d'apartheid.

Démantèlement de l'UNRWA, mise en place du GHF : une prise de contrôle hostile

Soyons clairs : la GHF n'est pas une intervention d'urgence. Il s'agit du successeur structurel du démantèlement ciblé de l'UNRWA. Il ne s'agit pas d'une coordination humanitaire, mais d'un coup d'État stratégique contre l'aide gérée par les Palestiniens, la reconnaissance des réfugiés et le concept même du droit collectif.

Au cours de l'année écoulée, Israël, soutenu par les États-Unis et plusieurs États européens, a mené une campagne coordonnée pour délégitimer, priver de financement et détruire l'UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Cette campagne a notamment consisté à

  • assassiner des travailleurs humanitaires palestiniens
  • bombarder des écoles, des entrepôts et des centres de distribution de l'ONU
  • fabriquer des allégations contre le personnel sans aucune preuve publique
  • priver l'agence de financement alors qu'un génocide est en cours

L'UNRWA n'est pas seulement une agence humanitaire, c'est l'unique organisme international qui consacre la reconnaissance juridique du statut de réfugié palestinien, dont le mandat remonte à 1949. Par son existence même, elle affirme le droit au retour et la mémoire collective des survivants de la Nakba. Sa destruction est un objectif politique, et non un simple ajustement logistique.

Dans ce vacuum, la GHF a été mise en place, non pas comme une solution neutre, mais comme un substitut colonial. Le GHF ne vise pas à rationaliser l'aide, mais à effacer l'histoire, à couper la résistance palestinienne du droit international et à reconstruire une infrastructure de blocus sous contrôle occidental.

Il ne s'agit pas d'une "réforme". Il s'agit du remplacement de l'autodétermination palestinienne par une dépendance biométrique.

Ce que le GHF va réellement remplacer :

  • L'aide est désormais acheminée uniquement via les ports contrôlés par Israël, Ashdod ou Kerem Shalom, où les livraisons sont retardées, refusées ou sabotées à discrétion.
  • Les systèmes de suivi du GHF sont entièrement intégrés aux autorités sécuritaires israéliennes (y compris le COGAT), permettant à l'occupant d'avoir un aperçu en temps réel des mouvements de population, des flux de ressources et de l'engagement des donateurs.
  • L'accès est filtré par des checkpoints biométriques, créant un registre de la population pouvant ensuite être utilisé à des fins de ciblage, d'arrestations ou d'exclusion.
  • Les ONG palestiniennes et les réseaux de la société civile sont totalement exclus, non seulement dans la pratique, mais aussi sur le principe. Il n'y a pas d'acteurs locaux. Il n'y a pas de contrôle local.

Ce n'est pas de la coordination, c'est de la colonisation à coups de tableur.

Le GHF peut se présenter comme une "coalition de volontaires", mais en réalité, il s'agit d'une coalition de complices, mise en place au lendemain d'une purge de l'aide internationale et de l'effacement systématique de la souveraineté palestinienne.

La communauté humanitaire internationale le sait. C'est pourquoi

  • le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA)
  • l'équipe de pays pour l'action humanitaire (HCT)
  • et même le secrétaire général des Nations unies, António Guterres

... ont tous formellement rejeté le projet GHF, affirmant clairement qu'il viole les quatre piliers fondamentaux du droit humanitaire : l'humanité, la neutralité, l'indépendance et l'impartialité.

Le porte-parole de l'OCHA, Jens Laerke, n'a pas mâché ses mots : le projet GHF équivaut à une "aide militarisée" et menace de transformer les centres de distribution alimentaire en cibles de guerre et en outils de contrôle de la population.

Et c'est bien là le problème. La GHF n'est pas là pour remplir la fonction de l'UNRWA, mais pour effacer sa raison d'être.

Il remplace la politique d'équité par la mise en scène de la charité. Il transforme l'identité collective des réfugiés palestiniens en une simple donnée biométrique dans une base de données approuvée par l'occupant.

Il s'agit de la phase finale d'une prise de contrôle humanitaire hostile, où le génocide est géré, mais pas enrayé, où l'occupation est dissimulée derrière des tableaux de bord et des applications pour les donateurs, et où l'aide humanitairedevient un outil d'asservissement.

Qui finance l'occupation ? Wall Street.

Si vous voulez comprendre ce qu'est réellement la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), suivez l'argent. Son infrastructure financière ne révèle pas seulement ses priorités, elle définit sa structure même. La GHF n'est pas une opération d'urgence. Il s'agit d'un syndicat logistique financé par des entreprises, créé par et pour l'élite mondiale afin de contrôler les flux humanitaires dans une économie de guerre privatisée.

Commençons par les banques :

  • Les Truist et JPMorgan Chase gèrent les comptes américains de la GHF. Ces institutions ne sont pas neutres : elles ont historiquement favorisé les empires des énergies fossiles, les crises immobilières liées aux saisies hypothécaires et le colonialisme de la dette dans les pays du Sud.
  • En Suisse, le GHF met en place une entité parallèle soutenue par Goldman Sachs, une entreprise synonyme de régimes d'austérité mondiale, de capitalisme de catastrophe et de profit tiré de la guerre et des déplacements de population.

Il ne s'agit pas d'une bouée de sauvetage pour Gaza, mais d'une expansion du marché pour fonds spéculatifs.

Que dire ensuite de la conformité ?

  • La GHF souhaite être contrôlée par Deloitte, un géant qui a déjà supervisé des programmes de privatisation dans des régimes post-coup d'État et conseillé des gouvernements autoritaires en matière d'"efficacité".
  • Un cabinet d'avocats américain de premier plan, dont le nom n'a pas encore été révélé, a été engagé pour veiller à ce que les opérations du GHF restent "conformes" au droit international humanitaire, tout en coordonnant activement ses activités avec l'armée d'occupation.

Aucune de ces institutions n'est alignée sur la justice. Ce sont des moteurs de la finance extractive, de la gestion des risques et du blanchiment de réputation.

Examinons maintenant le modèle économique :

Le GHF fixe le prix de l'aide humanitaire comme celui d'une marchandise :

  • 0,58 dollar par repas pour l'approvisionnement
  • 0,67 dollar pour la logistique, les véhicules blindés, la sécurité biométrique, les gardes privés et l'administration
  • 65 dollars pour financer 50 repas en boîte, mais uniquement s'ils transitent par leur système, s'ils sont filtrés par les checkpoints israéliens et emballés dans des contenants portant le logo de l'entreprise.

C'est la financiarisation de la famine. La famine devient un poste budgétaire. La nourriture devient un produit. La souffrance des Palestiniens devient une opportunité de retour sur investissement pour les philanthropes de la Silicon Valley, les sous-traitants de la Défense reconvertis en consultants humanitaires et les donateurs occidentaux désespérés de blanchir leur complicité.

Sous la GHF, un enfant affamé à Gaza n'est pas une victime politique du génocide. Il est simplement considéré comme des données dans un tableau de bord destiné aux donateurs, scanné, trié, suivi et recensé en temps réel.

Les Palestiniens ne veulent pas que leur faim soit transformée en service par abonnement. Ils veulent que le blocus soit levé. Ils veulent que le siège prenne fin. Ils veulent avoir accès à leurs terres, à leur eau, à leur autonomie, et non à des rations emballées et étiquetées par les algorithmes de JPMorgan.

Ce n'est pas de l'éthique humanitaire. C'est de l'aide au capital-risque, rentable, sécurisée et totalement intégrée à la logique de l'occupation.

L'aide ne devrait jamais s'accompagner de mesures de surveillance. Elle ne devrait jamais être conçue pour garantir à une élite la transparence au détriment de l'autonomie des communautés. Elle ne devrait jamais servir les structures financières qui financent le profit de la guerre, les déplacements de population et l'apartheid.

À Gaza, la GHF ne nourrit pas les affamés. Elle construit l'infrastructure d'une nouvelle économie coloniale, où la mort est suffisamment atténuée pour préserver les apparences, tandis que le contrôle s'intensifie de toutes parts.

Ce n'est pas de la justice, ce sont des indicateurs. Ce n'est pas une libération, c'est de la logistique.

L'empire américain rebaptisé

Derrière le langage humanitaire, derrière les checkpoints biométriques et les tableaux de bord des donateurs, se cache une réalité qu'aucune campagne de relations publiques ne peut occulter : la Gaza Humanitarian Foundation est un projet impérial américain, un instrument moderne de contre-insurrection déguisé en compassion.

Parlons de l'USAID et des traces laissées par l'armée, car la GHF n'opère pas en vase clos, mais s'inscrit dans la longue et sanglante lignée de l'empire américain qui dissimule ses interventions sous une apparence humanitaire.

  • La structure de terrain du programme est conçue par des vétérans de l'USAID, la même institution qui a passé des décennies à s'implanter dans les infrastructures des efforts de reconstruction "post-conflit", dont beaucoup ont été fabriqués de toutes pièces par les bombes américaines.
  • Les anciens Marines et membres des forces spéciales ne sont pas seulement des conseillers logistiques, ce sont des logisticiens de l'occupation. Leur CV fait état de déploiements en Irak, en Afghanistan et en Amérique latine, où ils ont géré l'image humanitaire tout en mettant en place des régimes de surveillance étroite.
  • Les agents antiterroristes conseillent désormais sur la "stratégie de distribution", ce qui signifie que la même logique utilisée pour justifier les frappes de drones et la détention illimitée est appliquée à la question : Qui reçoit la nourriture ?

Ce n'est pas de la spéculation. Le modèle déployé par le GHF est identique aux opérations COIN (contre-insurrection) menées par les États-Unis, en particulier celles utilisées en Irak et en Afghanistan, où "gagner les cœurs et les esprits" n'était qu'un euphémisme pour contrôler le territoire, diviser la résistance et utiliser l'aide comme la carotte et le bâton.

L'aide n'a pas été conçue pour soulager la souffrance. Elle a été conçue pour pacifier la dissidence et prévenir la rébellion.

La GHF est la réplique de ce scénario à Gaza :

  • Créer des "zones vertes" sécurisées (centres SDS).
  • Mettre en place une surveillance biométrique pour cartographier et surveiller la population.
  • Déployer des flux d'"aide" étroitement contrôlés par l'intermédiaire d'acteurs non locaux, en écartant toute réponse dirigée par les Palestiniens.
  • Présenter la neutralité comme du pragmatisme tout en s'associant directement avec l'armée d'occupation.

Ce n'est pas de l'aide humanitaire. C'est de la pacification militarisée.

C'est de l'aide à des fins de pression. La nourriture comme monnaie d'échange. La logistique comme moyen de surveillance.

Tout comme les États-Unis prétendaient "reconstruire" Falloujah tout en la réduisant en cendres, ils prétendent aujourd'hui « nourrir Gaza » grâce à un réseau de checkpoints financés par des entreprises, de lignes d'approvisionnement coordonnées par Israël et de flux d'aide contournant totalement la population.

Ce n'est pas de la reconstruction, c'est de l'occupation déguisée. C'est l'empire américain déguisé sous des logos d'organisations à but non lucratif, où la même logique qui a détruit des régions entières est désormais utilisée pour contrôler la famine.

Et surtout, il ne se contente pas de compromettre la survie des Palestiniens, il démantèle la résistance. Il empoisonne la source de l'entraide communautaire en faisant de "l'aide" un synonyme de surveillance. Il remplace les organisateurs palestiniens par des entrepreneurs étrangers. Il transforme chaque sac de farine en transaction politique, chaque boîte de rationnement en dispositif de suivi, chaque acte de survie en donnée pour l'empire.

La GHF n'est pas seulement une trahison des valeurs humanitaires, c'est une instrumentalisation de ces valeurs à des fins impérialistes.

Ce n'est pas ainsi que la libération se construit. C'est ainsi que la résistance est étouffée sous l'illusion de l'aide.

L'aide sans consentement n'est pas de l'aide. C'est de la coercition.

Débarrassons-nous de tous les euphémismes, de tous les slogans destinés aux donateurs et de tous les PDF bien ficelés : l'aide sans le consentement, la participation ou le leadership des personnes qu'elle prétend servir n'est pas humanitaire. C'est de la coercition coloniale.

Peu importe l'habileté du marketing, peu importe le nombre de fois où les mots "neutre", "digne" ou "efficace" apparaissent dans les documents de la GHF, sa réalité fondamentale est violente :

  • Elle exclut les dirigeants palestiniens à tous les niveaux, de la planification à la distribution en passant par la supervision. Pas un seul Palestinien ne détient un pouvoir décisionnel au sein de la GHF. Ce n'est pas un bug, c'est le plan directeur.
  • Elle collabore directement avec le régime de blocus israélien, coordonnant les déplacements, la logistique et l'accès avec le même appareil militaire responsable du bombardement d'hôpitaux, de la famine des enfants et du nettoyage ethnique de quartiers entiers.
  • Il normalise le contrôle colonial biométrique, intégrant la surveillance et la traçabilité des mouvements dans le processus même de réception de l'aide. Les civils affamés sont désormais scannés, classés et contrôlés pour pouvoir accéder au minimum vital, transformant ainsi la faim en un algorithme de domination.
  • Il remplace les institutions de l'ONU, les ONG palestiniennes et les réseaux d'entraide locaux, non pas en les soutenant, mais en les contournant complètement. La GHF ne renforce pas les capacités, elle supprime la souveraineté.

Et tout cela se déroule en pleine campagne génocidaire déclarée et toujours en cours. Un génocide par famine infligée. Un génocide où des enfants meurent de déshydratation. Un génocide où les responsables israéliens se vantent de couper l'approvisionnement en nourriture, en carburant et en eau. Où la destruction délibérée du secteur agricole de Gaza, des boulangeries, des minoteries, des convois d'aide humanitaire et des soupes populaires n'est pas fortuite, mais stratégique.

La GHF n'existe pas en dehors de ce génocide. Elle opère à l'intérieur. En son sein. À son service.

Soyons clairs : La GHF n'est pas distincte de la machine génocidaire, elle contribue à son maintien. Ce n'est pas un acteur neutre, c'est un collaborateur qui utilise la nourriture pour réguler la vie selon les conditions imposées par l'occupant.

Voilà pourquoi l'humanitaire ne peut être neutre face à la violence structurelle. Parce que la neutralité qui refuse de nommer l'oppresseur n'est pas neutre, c'est de la complaisance.

  • La neutralité qui ne remet pas en cause le blocus le rend possible.
  • La neutralité qui efface le contexte de l'occupation est la réplique de la logique coloniale.
  • La neutralité qui accepte le génocide comme toile de fond pour "innover dans l'aide humanitaire" est une lâcheté morale.

Ce que propose la GHF n'est pas de l'aide humanitaire. C'est la distribution contrôlée de miettes, sous des portiques biométriques et sous la menace d'armes étrangères, à une population délibérément affamée.

Ce n'est pas de la solidarité. C'est l'optimisation du blocus. C'est le capitalisme de crise comme moyen de contrôle. C'est l'aide humanitaire comme moyen de répression.

Le consentement n'est pas un luxe. C'est le fondement même de l'aide humanitaire éthique. Et les Palestiniens n'ont pas donné leur consentement. Ils ont exigé la fin du blocus, pas une carte de rationnement améliorée.

Rejetez le modèle GHF. Restaurez la souveraineté palestinienne.

Il n'y a pas d'aide neutre sous occupation. Il n'y a aucune légitimité humanitaire dans un modèle coordonné avec le régime même qui bombarde les convois d'aide, assassine les médecins et impose la famine en tant que stratégie. Et il n'y a aucun avenir dans un système logistique conçu par les artisans de la guerre coloniale.

La Fondation humanitaire pour Gaza doit être rejetée, pas réformée. Elle ne doit pas être financée. Elle ne doit pas être normalisée. Elle ne doit pas être acceptée comme "mieux que rien". Car "mieux que rien" est le langage de la capitulation, et les Palestiniens méritent mieux que les miettes filtrées aux checkpoints. Ils méritent leur libération.

La GHF n'est pas une solution humanitaire. C'est une entreprise logistique d'occupation enrobée d'un langage compatissant. C'est un système privatisé de gestion du blocus, conçu non pas pour mettre fin à la souffrance, mais pour l'administrer plus efficacement. Elle ne remet pas en cause la structure du génocide, elle la renforce.

Ce dont Gaza a besoin, ce ne sont pas des files d'attente biométriques, des colis alimentaires blindés ou de "tableaux de bord de transparence" occidentaux. Ce dont Gaza a besoin, c'est d'une aide décolonisée :

  • Une aide ancrée dans le leadership palestinien et le contrôle communautaire
  • Une aide distribuée par le biais de réseaux d'entraide, de cliniques locales et d'organisations locales
  • Une aide qui ne rend pas de comptes à des généraux étrangers ou à des avocats de Wall Street, mais au peuple lui-même
  • Une aide qui ne suit pas, ne surveille pas et ne divise pas, mais qui restaure la dignité, l'autonomie et le pouvoir collectif.

Ce n'est pas un appel à la charité. C'est une exigence de justice. De solidarité plutôt que de mercenariat. De libération plutôt que de logistique.

Tant que le blocus n'aura pas pris fin, aucun "couloir humanitaire" ne sera éthique s'il est structuré par l'apartheid, protégé par des armes privées et gouverné par ceux qui ne subissent pas les conséquences de leurs politiques.

Que cela soit bien clair :

La GHF n'est pas une aide. La GHF est une logistique de l'apartheid. La GHF est une occupation par d'autres moyens.  Ce n'est pas une bouée de sauvetage. C'est une laisse. Elle n'a rien d'humanitaire. C'est une violence structurelle avec une mission.

Si vous financez la GHF, vous ne nourrissez pas Gaza, vous contribuez à la lente strangulation de la bande de Gaza. Si vous soutenez la GHF, vous n'aidez pas la Palestine, vous aidez l'occupant à externaliser son génocide. Et si vous gardez le silence, vous êtes complices de la normalisation du blocus comme statu quo.

Rejetez la GHF. Refusez l'illusion. Restaurez le seul principe humanitaire qui compte aujourd'hui : la souveraineté palestinienne.

La libération ne peut être externalisée. Elle ne peut être sous-traitée. Et elle ne viendra jamais des mains de ceux qui ont construit des murs.

Partagez. Nommez. Rejetez. Donnez la parole aux Palestiniens. Exigez une aide décolonisée. La solidarité ne passe pas par les checkpoints biométriques.

Traduit par  Spirit of Free Speech

Marginalia Subversiva

Genocide but Branded

Not Aid-Infrastructure for Siege...

 ssofidelis.substack.com