12/05/2025 lesakerfrancophone.fr  8min #277638

 L'Inde et le Pakistan confirment officiellement le cessez-le-feu, mais l'armée indienne reste «vigilante»

Trump revendique avoir rétabli la paix entre l'Inde et le Pakistan

Par  Moon of Alabama - Le 11 mai 2025

Malgré de nombreuses tentatives pour améliorer les choses, l'administration Trump n'a jusqu'à présent remporté aucune victoire en matière de politique étrangère.

Le cessez-le-feu à Gaza que Trump a imposé en janvier a été rapidement saboté par les radicaux du cabinet de Netanyahou. Les négociations sur la paix en Ukraine sont bloquées autour d'un cessez-le-feu qui n'a pas encore été convenu et qui ne résout pas le problème de fond. La guerre au Yémen, menée au nom d'Israël, a été perdue militairement. L'Iran, malgré les menaces, n'a pas bougé d'un pouce dans son insistance pour garder sa souveraineté nucléaire. La rage commerciale menée contre la Chine et tous les autres pays menace de faire dérailler l'économie américaine.

Tout cela fait de la victoire d'aujourd'hui un moment particulier.

Voici ce 𝕏 qu'a annoncé le président Trump :

Après une longue nuit de négociations sous la médiation des États-Unis, j'ai le plaisir d'annoncer que l'Inde et le Pakistan se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu total et immédiat. Félicitations aux deux pays pour avoir fait preuve de bon sens et de grande intelligence. Je vous remercie de l'attention que vous portez à cette question !...

Les détails ont suivi immédiatement :

Secrétaire Marco Rubio @SecRubio - 𝕏 12:07 UTC - 10 mai 2025

Au cours des dernières 48 heures, @VP Vance et moi-même nous sommes entretenus avec de hauts responsables indiens et pakistanais, notamment les Premiers ministres Narendra Modi et Shehbaz Sharif, le ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar, le chef d'état-major de l'armée Asim Munir et les conseillers en matière de sécurité nationale Ajit Doval et Asim Malik.

J'ai le plaisir d'annoncer que les gouvernements de l'Inde et du Pakistan ont convenu d'un cessez-le-feu immédiat et de l'ouverture de pourparlers sur un large éventail de problèmes dans un site neutre.

Nous félicitons les Premiers ministres Modi et Sharif pour la sagesse, la prudence et l'esprit d'homme d'État dont ils ont fait preuve en choisissant la voie de la paix.

Trump et son cabinet ont ainsi remporté une victoire notable et louable. La médiation américaine a contribué à désamorcer une crise en Asie du Sud qui menaçait de se transformer en une véritable guerre (nucléaire).

Le mardi 22 avril 2025, 26 personnes  ont été tuées lorsqu'un homme armé a ouvert le feu sur des touristes dans la partie du Cachemire occupée par l'Inde :

Un groupe de touristes visitait une zone populaire - une prairie dans la vallée montagneuse de Baisaran au Cachemire, connue sous le nom de « mini-Suisse », à l'extérieur de la ville de Pahalgam - lorsque des militants ont émergé d'une forêt voisine et ont ouvert le feu. Selon la police, 25 Indiens et un Népalais ont été tués. Comme le groupe se trouvait dans une zone accessible uniquement à pied ou à cheval, il a été difficile d'amener les blessés à l'hôpital le plus proche, a déclaré un témoin au Washington Post.

Les médias indiens ont attribué l'attaque au Front de résistance (TRF), un groupe militant interdit par New Delhi en 2023 en tant qu'organisation terroriste, mais il n'y a pas eu de revendication vérifiable.

L'Inde affirme que le TRF est soutenu par le Pakistan. En conséquence, elle a annoncé de sévères mesures de rétorsion, visant le commerce et  l'accord critique sur l'eau de Simla. Elle a ordonné de couper la ligne d'eau de l'Indus vers le Pakistan.

Craig Murray explique pourquoi cela constituait et  constitue toujours une menace existentielle pour ce pays :

Le président hindutva de l'Inde, Narendra Modi, a utilisé l'incident terroriste du Cachemire pour abroger le traité de 1960 sur les eaux de l'Indus, un objectif de longue date de Modi. La version indienne de l'« attaque terroriste », dont la plupart des victimes étaient musulmanes, a été largement acceptée par les gouvernements occidentaux, sans preuve.

Les faux drapeaux sont légion de nos jours.

...

Il est toutefois certain que la rupture du traité sur les eaux de l'Indus est un objectif à long terme de Modi. L'Indus fournit 80 % de l'eau nécessaire à l'agriculture pakistanaise et l'approvisionnement est déjà insuffisant, avec une salinisation désastreuse du cours inférieur du fleuve, la mer s'insinuant dans les régions autrefois occupées par le puissant cours d'eau. J'ai visité la région du bas Sindh il y a cinq ans et j'ai vu les champs incrustés de sel blanc.

...

Au début du mois de mai, l'Inde  a fait tout ce qu'elle pouvait pour justifier une action militaire contre le Pakistan. Elle n'a toutefois pas réussi à prouver que l'attaque terroriste avait un lien avec elle. Le comportement colonial de l'Inde au Cachemire a créé beaucoup de tensions avec la population locale et de nombreux mécontents sont prêts à faire justice eux-mêmes.

Le 7 mai, 𝕏 l'Inde a lancé une « opération militaire spéciale« contre le Pakistan en frappant « les infrastructures terroristes au Pakistan et dans le Jammu-et-Cachemire occupé par le Pakistan«.

L'armée de l'air indienne a effectivement réussi à 𝕏 atteindre quelques cibles. Il s'est toutefois avéré qu'elle a également perdu cinq avions de chasse.

L'armée de l'air pakistanaise a utilisé 𝕏 un avion de détection et de contrôle aéroporté (AWACS) doté d'un radar à longue portée pour diriger vers leurs cibles les missiles air-air tirés par ses avions de chasse J-10, dont la portée est supérieure à celle de la vue. Cette attaque hautement intégrée a surpris. Trois chasseurs Rafale de fabrication française appartenant à l'Inde et deux chasseurs MIG et Sukhoi de fabrication russe  ont été perdus face à des missiles PL-15 de fabrication chinoise.

𝕏 Dans un briefing détaillé, l'armée de l'air pakistanaise a expliqué comment elle y était parvenue.

L'armée indienne, humiliée, a décidé de faire monter les enchères. Hier, elle a lancé quelques missiles en direction d'installations militaires pakistanaises. Le Pakistan a  répondu en retour. Les résultats ne sont pas clairs. Les déclarations de dommages des deux parties sont notoirement peu fiables.

La guerre menaçait de s'intensifier. Cependant, les deux parties manquent de munitions pour un combat terrestre à grande échelle. Les deux parties disposent d'armes nucléaires. Une attaque indienne contre l'armée pakistanaise, beaucoup plus faible, serait rapidement contrée par des frappes nucléaires tactiques.

Dans ce contexte, les deux armées ont souligné qu'elles étaient prêtes à cesser le feu si l'autre partie en faisait autant.

Cependant, la rhétorique politique  devenait incontrôlable :

Au vu de l'évolution de la situation, les élites politiques qui sont montées sur leurs grands chevaux auront du mal à en descendre lorsque la désescalade deviendra une nécessité impérieuse. Elles sont en train de se piéger elles-mêmes.

The Economist a titré correctement :

 C'est la chance qui se tient entre la désescalade et le désastre pour l'Inde et le Pakistan. Tôt ou tard, elle disparaitra ( archivé)

Entre-temps, les États-Unis semblaient s'être lavés les mains du problème.

Hier encore, le vice-président américain JD Vance déclarait qu'une guerre entre l'Inde et le Pakistan  ne nous concernerait pas :

« Nous souhaitons une désescalade aussi rapide que possible. Nous ne pouvons cependant pas contrôler ces pays«, a déclaré M. Vance lors d'une interview accordée à l'émission « The Story with Martha MacCallum«, diffusée sur Fox News.

« Ce que nous pouvons faire, c'est essayer d'encourager ces gens à désamorcer un peu la situation, mais nous n'allons pas nous impliquer au milieu d'une guerre qui ne nous regarde pas et qui n'est pas dans la capacité de l'Amérique à la contrôler«, a-t-il ajouté.

Les États-Unis entretiennent de bonnes relations, parfois tendues, avec l'Inde et le Pakistan. Les armées des deux pays étaient prêtes à une désescalade. Le problème était de convaincre les responsables politiques de chaque camp qu'il était possible de se désengager sans perdre la face.

Il semble aujourd'hui que l'administration Trump y soit parvenue.

Le Times of India  confirme le cessez-le-feu mais ne mentionne aucune médiation américaine.  La partie pakistanaise confirme que les États-Unis, le ministère britannique des affaires étrangères et le gouvernement turc étaient tous impliqués.

La paix est une victoire. Une victoire a mille pères, mais une défaite est orpheline.

Trump, Vance et Rubio peuvent bien revendiquer cette victoire pour eux-mêmes, même si de nombreuses autres personnes y ont participé.

Mais pour obtenir d'autres victoires en matière de politique étrangère, de vraies victoires, il faudra plus que quelques coups de téléphone.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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