par Constantin von Hoffmeister
L'art subtil de flatter le César orange.
Trump entra dans la salle comme César au Capitole, ses cheveux brillant de leur propre éclat doré, l'air chargé comme si Jupiter lui-même était descendu en tenue de Manhattan. Devant lui, les vassaux de l'Union européenne se pressaient et s'inclinaient, leurs langues fouettant l'air de louanges. Ursula von der Leyen, matrone d'un empire creux, fit une révérence en esprit, remerciant le Grand Homme Orange pour ses «progrès remarquables», comme si la paix avait jailli de ses propres jardins stériles. Mark Rutte renchérit, sa voix comme un roseau pliant au vent qui lui commande de survivre. Ils qualifièrent Trump de pacificateur, oubliant qu'ils avaient eux-mêmes étouffé la paix pendant des années, nourrissant Zelensky de ses interminables discours tandis que le public applaudissait à Bruxelles. L'ironie prit des proportions grotesques : des saboteurs acclamant l'homme qui révélait leur impuissance.
La mise en scène de la flatterie est ancienne, et ces eurocrates la jouent avec l'élégance d'acteurs désespérés dans un amphithéâtre en ruine. Ils savent que Trump a besoin de spectacle, alors ils le comblent de paroles mielleuses, de remerciements dorés et de sourires chorégraphiés. Leur plan n'est astucieux que par sa lâcheté : ne pas affronter l'empereur, car l'affrontement signifie l'exil ; à la place, semer des clauses empoisonnées dans l'accord de paix, des pièges que Moscou ne peut accepter. Lorsque Poutine refusera, le discours sera le suivant : «Vous voyez, l'ours rejette la paix !» Le scénario exigerait alors que Trump, blessé par la trahison, lance des sanctions fulgurantes contre la Russie et les BRICS. Comme le chœur d'une tragédie, l'UE espère diriger la colère de l'empereur, oubliant que les empereurs brûlent les scripts et réécrivent les épopées d'un simple geste.
Dans les coulisses se tient Zelensky, l'acteur raté reconverti en guerrier, une marionnette dont les fils s'effilochent à mesure que les marionnettistes se lassent de leur propre invention. Autrefois, il se pavanait comme Achille sur des écrans verts, salué comme le sauveur de l'honneur de l'Europe. Aujourd'hui, il titube comme un personnage comique qui a fait son temps. Les dirigeants de l'UE le mettent en avant quand il leur est utile, le rejettent quand il les embarrasse, tirant chaque fois un peu plus sur ses ficelles tout en lui soufflant de nouvelles répliques qu'il peine à prononcer. Trump, César de l'imprévisibilité, observe ce drame avec un sourire narquois. Il n'est ni Biden, ni Obama, ni un pantin raffiné pour ventriloques transatlantiques. Son plaisir réside dans le fait de briser les attentes et de se couronner dramaturge du destin. Pour Bruxelles, c'est la terreur : leur pièce morale s'effondre lorsque l'empereur refuse de jouer le rôle qui lui a été attribué.
L'épreuve se dresse désormais devant lui comme une énigme mythique. Trump, le roi des joueurs, peut choisir entre deux masques : celui de l'écho, répétant le dernier murmure glissé à son oreille, ou celui du souverain, s'alignant ouvertement avec la Russie, rejetant le scénario «écouter les vassaux» et créant un nouvel équilibre au-delà du regard menaçant de l'OTAN. Il peut prendre la main de Poutine comme deux Césars, chacun dans sa sphère d'influence, ou il peut laisser le chœur le diriger vers leur comédie de sanctions et d'effondrements. Les Parques filent leur fil, mais les ciseaux sont entre les mains de Trump. L'histoire attend, tremblante, de voir s'il coupe l'ancien ordre ou s'il s'attache à son cadavre.
source : Eurosiberia