Les Néerlandais & l'Ukraine
Par Hans Vogel, le 26 août 2025
On dit qu'il existe deux types de Néerlandais : les prêcheurs et les hommes d'affaires. Ces derniers sont bien sûr plus connus. Depuis l'effondrement de l'URSS, de nombreux hommes d'affaires néerlandais se sont installés en Europe de l'Est dans l'espoir d'y faire fortune. Parfois, l'homme d'affaires et le prêcheur ne font qu'un, comme ce fut le cas pour Derk Sauer. Rédacteur en chef d'un hebdomadaire populaire à grand tirage de gauche aux Pays-Bas, il est parti pour Moscou en 1989 afin de fonder The Moscow Times, devenant ainsi un magnat des médias en Russie.
Durant les années 1990, le géant néerlandais de la distribution Ahold, propriétaire de la chaîne de supermarchés Albert Heijn aux Pays-Bas, a réalisé de juteux profits en vendant des denrées alimentaires avariées à Moscou, à une époque où d'autres vautours "occidentaux" s'affairaient également à piller le pays. Assez avisé pour opérer par l'intermédiaire d'une société (TONAR), Ahold a toutefois connu sa première et dernière aventure en Russie. En effet, la misère sociale, comme celle qui sévissait en Russie juste après l'effondrement du "socialisme réel", offre toujours de fabuleuses opportunités commerciales, en particulier pour les hommes dépourvus de tout scrupule.
Mais aujourd'hui, la Russie n'offre plus l'environnement si favorable aux aventuriers étrangers de toutes sortes, de toutes couleurs et de toutes formes.
Ces derniers temps, c'est l'Ukraine, autre orpheline de l'Union soviétique, qui a offert des opportunités aux hommes d'affaires intrépides. Fort des liens étroits qui unissent les Pays-Bas à l'Ukraine depuis les premières décennies du XXè siècle, ce pays est actuellement la sixième source d'aide la plus importante pour l'Ukraine. À ce jour, quelque 18 milliards de dollars ont été versés à l'Ukraine et ont fini dans les poches de Zelensky et de ses partenaires internationaux. Comme l'aide n'est jamais gratuite, les Néerlandais obtiennent certainement des avantages considérables en échange. Les Néerlandais semblent ainsi se concentrer sur l'Ukraine comme source d'alimentation bon marché.
Les opportunités commerciales en Ukraine doivent être vraiment alléchantes. Le père et le fils Biden, par exemple, ont leur part des profits générés par les réserves de pétrole et de gaz ukrainiennes. Bien qu'il n'y ait pour l'instant aucune indication que des Néerlandais aient été impliqués dans des activités telles que le forage par fracturation hydraulique ou l'exploitation de laboratoires biologiques, ils sont très présents dans le commerce du poulet. Les Néerlandais ont créé des élevages de poulets parmi les plus imposants au monde. Ils ont pris cette décision car, dans l'UE, la législation stricte en matière d'alimentation et d'environnement engendre des coûts de plus en plus élevés pour l'exploitation d'installations géantes destinées à la production de viande de poulet bon marché, très prisée des chaînes de restauration rapide, des cuisiniers paresseux et des citadins pauvres. Rien de surprenant si la filiale européenne (MHP Trade BV) de l'entreprise alimentaire ukrainienne MHP a son siège aux Pays-Bas.
Avez-vous déjà mis les pieds dans un grand élevage de poulets moderne ? Si ce n'est pas le cas, tant mieux pour vous, car c'est pire que l'enfer, surtout pour les poulets. Ces millions de malheureux volatiles sont incapables de se déplacer, car les hormones dont ils sont gavés les font grandir trop vite. Leur nourriture a également été trafiquée, car il s'agit principalement de maïs ou de blé OGM bon marché. Contraints de rester immobiles toute la journée, ils titubent péniblement, serrés les uns contre les autres, dans d'immenses espaces couverts où l'air est irrespirable pour les humains comme pour les poulets, tant l'odeur est insupportable. Des proies de choix pour les maladies contagieuses qui les rendraient impropres à la consommation humaine. C'est pourquoi on leur administre de fortes doses d'antibiotiques chaque jour. Il est évident que la viande provenant d'animaux élevés dans de telles conditions est peu indiquée pour la santé. Mais l'industrie alimentaire dépense beaucoup d'argent en publicité pour effacer toute pensée négative ou tout doute dans l'esprit du consommateur.
Sans que le public "occidental" ne s'en rende compte, l'Ukraine est devenue un des principaux exportateurs de viande de poulet vers l'UE. Depuis le coup d'État de Maïdan en 2014, les grandes entreprises agroalimentaires et les géants du blé, tels que Cargill et Bunge, ont massivement investi dans l'agriculture ukrainienne. Des quantités croissantes de maïs, de blé, de soja et de graines de tournesol OGM produits en Ukraine ont ainsi été exportées. Principalement vers l'UE. La production de céréales OGM est pourtant toujours illégale en Ukraine, mais comme aucun organisme gouvernemental ne supervise l'agriculture et ne contrôle les grandes entreprises, tout est permis.
L'implication des Néerlandais dans l'agriculture ukrainienne remonte aux années 1940. Après avoir attaqué l'Union soviétique et occupé de vastes pans de son territoire, dont l'Ukraine, les Allemands se sont immédiatement mis à exploiter les ressources locales pour produire de la nourriture destinée à l'Allemagne. Dans les années 1920, Hitler avait déjà identifié l'Ukraine comme une terre propice à la colonisation et à l'expansion allemandes. Il voulait que des agriculteurs allemands s'y installent et transforment ces terres en grenier de la Nouvelle Allemagne. C'est ainsi qu'en 1941 a été fondée la LGBU (Landbewirtschaftungsgesellschaft Ukraine), avec la coopération de la NOC (Nederlandsche Oost-Compagnie). Cette "Compagnie néerlandaise des Indes orientales" a été fondée en 1942 dans le but de créer des entreprises agricoles et non agricoles acquises et exploitées par les Pays-Bas dans les territoires arrachés à l'Union soviétique.
En d'autres termes, la NOC, fondée et financée par la Banque nationale néerlandaise, dirigée par Meinoud Rost van Tonningen, son directeur, exerçait les mêmes activités que les grandes entreprises agroalimentaires d'aujourd'hui. En 1943, elle s'est implantée en Ukraine et a fait venir dans la région des milliers d'experts agricoles, de gestionnaires et autres spécialistes néerlandais. Les Néerlandais géraient, près de Kiev, quatre grands sovkhozes (fermes d'État soviétiques) confisqués, d'une superficie totale de dix mille hectares. Les experts néerlandais ont organisé et supervisé la fabrication de fromage à Melitopol et mené de nombreuses opérations de dragage dans toute l'Ukraine. La division agricole de la NOC était dirigée par le professeur Marius Dirk Dijt (1893-1983), une autorité de renommée internationale dans l'agriculture. Il avait également œuvré comme secrétaire particulier du magnat des affaires néerlandais Henri Deterding, "l'homme le plus puissant du monde", selon son biographe américain. Sous sa direction, la société Royal Dutch Shell est devenue l'une des entreprises les plus puissantes et influentes au monde. Marié à une exilée russe, Deterding nourrissait une haine viscérale envers l'Union soviétique et le communisme et a figuré parmi les premiers soutiens financiers d'Hitler.
Malgré d'éminents et puissants soutiens, les Néerlandais ne sont pas restés longtemps en Ukraine lors de leur première incursion dans ce pays. Fin 1943, après la débâcle des Allemands à Stalingrad et leur défaite écrasante lors de la bataille de Koursk, ils furent contraints de battre en retraite pour sauver leur peau. Les Néerlandais les ont suivis. Bien que des milliers de Néerlandais combattant le communisme (25 000 d'entre eux avaient rejoint les SS) se soient alors trouvés à l'est, ils étaient tout simplement trop peu nombreux pour faire la différence.
Certains d'entre eux ont également rejoint la "Légion étrangère" ukrainienne, prête à tout pour préserver la "démocratie" dans ce pays. Ils souhaitaient surtout préserver les gigantesques élevages de poulets, les cultures OGM et toutes sortes d'affaires louches profitant à des hordes de profiteurs étrangers. N'oublions pas non plus que BlackRock et d'autres sociétés d'investissement américaines ont acquis de nombreux intérêts en Ukraine, notamment de vastes étendues de terres cultivables de premier choix.
Pour couvrir leurs agissements et poursuivre le pillage, ils inondent le public de russophobie par le biais des médias mainstrem et de plateformes spécialement conçues pour fournir des informations 'de fond' et des analyses d''experts' prétendument fiables. Inutile de préciser que ces médias ne publient que des propos incohérents et une propagande insidieuse.
Avec près de dix millions d'Ukrainiens ayant fui leur pays (au lieu de le défendre courageusement contre l'invasion russe), il est évident que l'Ukraine est une cause perdue. Au moins cent mille d'entre eux ont trouvé refuge aux Pays-Bas, où ils coulent des jours paisibles, grâce au soutien de l'État néerlandais. La plupart d'entre eux, tout comme la plupart des Néerlandais, ignorent probablement le sort de Yevhen Konovalets, un réfugié politique ukrainien et leader de l'Organisation des nationalistes ukrainiens. Le 23 mai 1938, il a été tué par une bombe des services secrets soviétiques dans sa maison de Rotterdam. Cela devrait rappeler aux réfugiés ukrainiens d'aujourd'hui que les Pays-Bas ne sont peut-être pas l'endroit sûr qu'ils semblent être.
Cependant, alors que la deuxième campagne de dénazification en Ukraine va bientôt entrer dans sa quatrième année, il est évident que le pays a perdu la guerre, et qu'il peut s'estimer heureux si les Russes lui permettent de survivre en tant qu'État indépendant.
Ces circonstances semblent ne laisser d'autre choix aux vaillants défenseurs étrangers de "nos valeurs" (comme la liberté et la démocratie) que de faire leurs valises et s'enfuir. Tant qu'ils le peuvent encore.
Les Néerlandais, en particulier, devraient prendre conscience que leur pays se divise principalement en deux catégories, et que celle des "guerriers" n'en fait pas partie.
Traduit par Spirit of Free Speech