22/08/2025 reseauinternational.net  6min #288071

 «Un grand jour à la Maison Blanche» : Trump accueille Zelensky et ses partenaires européens

La recherche opérationnelle vs le séquençage stratégique

par Mohamed Ghermaoui

Nous passons par un moment historique très déterminant sur l'avenir de notre chère planète sur le plan géopolitique. Un moment plein de trébuchements, de balbutiements et de vicissitudes. Un moment où un vent d'une magnitude erratique et instable souffle sur les braises au milieu d'une forêt asséchée par les mensonges et les connivences mesurées et planifiées par les néo-conservateurs et véhiculées bien sûr via les médias mainstream et les vecteurs officiels de communication. Un moment où la célérité des évènements s'avère de plus en plus vive et appuyée au point où il est devenu presque impossible de cerner et de maîtriser son amplitude. Un moment où le flux et la circulation des informations submergent largement notre capacité d'assimilation et d'endogénéisation.

De surcroît, il devient presque impossible d'avoir une analyse complète et clairvoyante sur le déroulement des faits. Encore moins sur les perspectives d'avenir. Ce qui se passe actuellement sur l'analyse, l'interprétation et l'aboutissement de la rencontre du président des EU Trump avec le président Poutine et celle avec les présidents européens qui ont accompagné le président ukrainien Zelensky est révélateur et exprime une illustration parfaite à cette situation. Là-dessus, les écrits et les avis sont tellement divergents voire contradictoires qu'il serait quasiment impossible de se faire une opinion nette, franche et sans ambages. L'environnement médiatique indépendant et non conformiste grouille de points de vue différenciés et singularisés. Certains se cloitrent et se confinent dans des interprétations de façade et de forme, telles que l'accueil, la présence et le débat dépeints par les caméras officielles pour conclure de la probité, de l'authenticité et de la volonté de Trump à arrêter la guerre en Ukraine et instaurer une nouvelle ère de paix et de confiance entre les principales puissances, notamment la Russie et Chine tout en dénigrant et rabaissant les pays européens. D'autres au contraire, tout en faisant appel à la documentation et à l'histoire fraîche, ne font aucune confiance à cette initiative isolée pour conclure que cette séquence n'est qu'un «outlier» parmi d'autres pour se préparer méthodiquement à un avenir préconçu et prémédité. Il s'agit de se préparer à une guerre beaucoup plus intense et beaucoup plus importante. L'idée de «séquençage stratégique» et/ou de «la division du travail» est souvent soulevée.

En recherche opérationnelle (programmation linéaire), il est admis qu'on ne peut optimiser notre fonction de production que si l'on établit dans notre programme de résolution les principales contraintes réelles et en étroite relation avec notre fonction de production. On peut ajouter aussi pour être plus rigoureux et rationnel qu'il faudrait faire appel à la théorie des jeux qui consiste en la résolution d'une situation conflictuelle par la prise en considération d'un raisonnement rationnel (points forts et points faibles, entre autres) de mon adversaire en vue de converger vers une situation acceptable des deux côtés (la recherche du point nodal).

Au-delà de ces dernières rencontres, constatons les faits historiques suivants qui peuvent être considérés comme des socles robustes, consistants et surtout authentiques et immuables qui peuvent nous aider à bien formuler notre analyse et bien façonner notre point de vue sur cet événement majeur. Ces faits seront considérés comme des contraintes dans notre algorithme.

  • Le tempérament volatile et lunatique du président Trump.
  • L'expérience de Minsk 1 et 2.
  • La détermination des néo-conservateurs à affaiblir les pays européens et particulièrement l'Allemagne.
  • L'objectif de l'affaiblissement de la Russie.
  • La planification du démantèlement du BRICS.
  • La politique des corridors de compétitivité.
  • Les tentatives de dédollarisation.
  • La guerre en Ukraine.
  • La guerre de 12 jours en Iran.
  • Le génocide à Gaza.
  • Le renversement du pouvoir d'al-Assad en Syrie.
  • L'avancée technologique, économique et scientifique impressionnante et spectaculaire en Chine.
  • La détermination de l'Axe de Résistance face à la machine de guerre broyeuse et redoutable des Israéliens soutenue et financée par l'Occident et particulièrement les EUA.
  • La conscience de plus en plus ravivée des citoyens du monde face à la barbarie de l'impérialisme et des contingents financiers.
  • ...

À partir de là, on peut, en considérant bien sûr ces données sans vernis ni simulacre, qu'on peut pencher entre les deux interprétations ci-dessus. C'est à dire soit comme le secrétaire Hegseth a manifestement déclaré que le conflit serait gelé, et non terminé, et qu'une zone de sécurité serait déployée à la coréenne formée de troupes européennes et non européennes pour assurer cette période charnière de transition, tout en insistant sur la réorganisation et la reconstruction des forces armées ukrainiennes par l'Europe. Tout en sachant que plusieurs déclarations et de documents attestent sans aucunes ambages que les ennemis numéro 1 et 2 des EU ne sont autre que la Russie et la Chine. Le rapport de la RAND Corporation intitulé «Extending Russia : Competing from Advantageous Ground» (Étendre la Russie : rivaliser depuis une position avantageuse) en 2019 qui décrit la politique des EU envers la Russie est l'une de ces références authentiques. Certes les deniers rapports de cette institution de think thank très proche des officiels américains a largement dévié de cette position en prenant en considération les nouveaux faits réels en particulier la guerre en Ukraine. Du coup, tout ce qui se trame n'est qu'un théâtre de marionnettes téléguidé par des hommes ou plutôt des institutions de l'ombre - ils ne le sont plus d'ailleurs - qui se préparent à la réalisation d'un projet idoine qui assure leur hégémonie et leur pouvoir sur le monde. Sauf que l'autre bloc, les BRICS et compagnie ne sont pas dupes.

Soit, effectivement le président Trump et bien sûr et les marionnettistes en background obtempèrent aux contraintes visuellement réelles et patentes pour comprendre qu'il faut assimiler la réalité et ont intérêt à préparer un avenir multipolaire où la souveraineté des peuples sera respectée et où chaque peuple a le droit de se développer et de s'épanouir.

Personnellement, je pense que, compte tenu de ces éléments/contraintes, chacune des deux rives détient toutes les informations nécessaires et chacune sait comment l'autre pense et réagit. Du moins avec toutes les expériences acquises. Je pense que les guerres vont continuer et pas seulement en Ukraine. Les EU ne vont pas céder facilement. Ils vont encore manigancer, manipuler et faire du théâtre pour durer le plus longtemps possible jusqu'au moment où ils seront plaqués devant le mur de la réalité et ce moment, je pense c'est celui où l'opération Dédollarisation prendra sa force et sa légitimité dans le monde entier. Parce que je pense que toute la force ou la pseudo force des EU vient de l'accord de Breton Woods et ses subsides (FMI, BM, FEM, OMC, etc.). Ça reste un point de vue. À chacun le sien.

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