12/08/2025 2 articles francesoir.fr  6min #287056

L'espionnage entre alliés au centre du jeu des grandes puissances occidentales et d'Israël

Anne Philippe pour France-Soir

FS

Ce mois d'août, nous vous proposons une série quotidienne consacrée à un enjeu majeur mais souvent méconnu : la guerre économique mondiale avec les stratégies d'espionnage qui l'accompagnent.
Anne Philippe nous dévoile les logiques de domination économique à l'œuvre entre grandes puissances, avec un éclairage particulier sur les relations troubles entre les États-Unis et Israël, l'influence croissante des services de renseignement dans les décisions économiques, et l'effacement préoccupant de l'Union Européenne face à cette dynamique.
À travers les faits et une lecture géopolitique rigoureuse, cette série vise à dévoiler les rouages d'un affrontement invisible, où les intérêts économiques, les technologies sensibles et les données stratégiques deviennent des cibles.
Retrouvez-nous chaque jour de la semaine de ce mois d'août pour une nouvelle publication éclairante.

Suite des parties 1 ( L'explosion des Nord Streams et la crise financière de 2008), 2  (la déstabilisation d'Atos), 3 ( La cession du pôle énergie d'Alstom à General Electric), 4 ( le cas Airbus et la prise de contrôle de Gemplus), 5  (Les entrées au capital ou collaborations de sociétés US /UK qui posent question) et 6 ( Les cabinets d'avocats US, Palantir, la suspension du FCPA, le Cloud Act)

Chapitre II - partie 1

À l'heure où le Mossad utilise le chef de la CIA, John Ratcliffe (surnommé le secrétaire du Mossad), et le général Michael Kurilla, du CENTCOM, pour influencer Trump avec des informations forgées de toutes pièces sur le projet nucléaire iranien, on peut s'interroger sur les manipulations et autres techniques d'espionnage, entre soi-disant alliés.

In-Q-Tel, le fonds de la CIA

Parrain de Google Earth et de Palantir, In-Q-Tel finance les projets qui répondent aux problèmes technologiques de la CIA. Comme Linkurious, la start-up française qui a aidé à identifier les données dans « Panama Papers » et Earthcube, plusieurs entreprises innovantes du renseignement et de la défense européenne sont sollicitées par des investisseurs étrangers, dont le fonds de la CIA, In-Q-Tel.

Palantir

- L'objectif de Palantir est, et a toujours été, de contrôler l'information et la connaissance, de devenir la pièce maîtresse d'une vaste entreprise de surveillance qui s'étend bien au-delà des frontières des États-Unis
- On note en outre l'expansion de Palantir dans presque tous les domaines du gouvernement US notamment pour diriger la communauté du renseignement américain.
- On retrouve également, à titre d'exemple, Palantir dans le conflit ukrainien. La société, avec la mise en place de son premier satellite en orbite en 2022 permettrait notamment à des commandements militaires de savoir où les blindés ennemis se trouvent.

La CIA Labs

Officiellement, la CIA Labs apporte de l'innovation à la CIA et au domaine public grâce à la recherche et au développement collaboratifs avec des experts externes de premier plan issus du monde universitaire et de l'industrie sur des sujets scientifiques et technologiques de pointe. En fait, on assiste à une volonté de surveillance des cryptomonnaies et des blockchains par le Central Intelligence Agency (CIA).
Créée en 2020, la CIA Labs a, entre autres, parmi ses domaines de compétence l'intelligence artificielle, l'informatique quantique, la robotique et la technologie des registres distribués (DLT).

Transferts de fonctionnaires européens éminents vers des groupes privés américains

Plusieurs fonctionnaires de l'Union Européenne tendent à rejoindre depuis au moins une décennie des groupes privés US, emmenant avec eux leur précieux carnet d'adresses. L'UE laisse également partir la fine fleur de son élite industrielle, militaire et financière au service d'intérêts étrangers. On peut notamment nommer à titre d'exemples Fabrice Brégier, directeur général d'Airbus, parti pour Palantir ; le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des Armées françaises parti servir les intérêts de BCG, un cabinet de conseil réputé pour être l'un des principaux contractants du Pentagone aux États-Unis, sans parler d'Henri de Castries, ancien PDG d'AXA, qui a présidé le comité de direction du Groupe Bilderberg de 2012 à 2019, et a rejoint le fonds d'investissement américain General Atlantic en 2017 en tant que président pour l'Europe et conseiller spécial du fonds.

PRISM

Le programme US dénoncé par Edward Snowden permet à la NSA (l'Agence Nationale de Sécurité) et au FBI d'accéder à des données concernant des personnes via les géants de l'internet, dont AOL, Apple, Facebook, Google, Microsoft, PalTalk, Yahoo et YouTube.

Pegasus

Selon Perplexity, Pegasus est un logiciel espion israélien développé et commercialisé par l'entreprise israélienne NSO Group depuis 2013. Il cible principalement les smartphones sous iOS et Android, et permet à l'attaquant de contourner les systèmes de sécurité pour accéder à toutes les données du téléphone : messages (même chiffrés), appels, photos, géolocalisation, mots de passe, accès au micro et à la caméra, ainsi qu'aux réseaux sociaux et à l'historique internet.

Derrière Palantir, son PDG Alex Karp et son ami proche cofondateur de Palantir, Peter Thiel
Certains programmes TIA (Total Information Awareness) sont passés dans la clandestinité. Le logiciel panoptique de base que TIA espérait utiliser a commencé à être développé par la société Palantir avec l'aide de la CIA et d'Alan Wade, ainsi que de Poindexter.

La société Chiliad et la famille Maxwell

Alors que Wade était impliqué dans l'exploitation de l'infrastructure informatique des services de renseignement américains et de la gestion de l'essor de Palantir, il était intimement impliqué dans une autre société connue sous le nom de Chiliad. Chiliad est une société d'analyse de données fondée à la fin des années 1990 par Paul McOwen, Christine Maxwell (sœur de Ghislaine Maxwell et fille de Robert Maxwell) et une troisième personne non nommée.

Avant la mort de son père, Christine Maxwell était intimement impliquée dans la société écran basée aux États-Unis que Robert Maxwell (espion israélien de renom) avait utilisée pour vendre des versions de PROMIS, qui avaient une porte dérobée vers les laboratoires nationaux US par les renseignements israéliens, compromettant sérieusement la sécurité nationale américaine.

Il s'est avéré que Robert Maxwell a aidé à vendre des logiciels qui ont permis aux services de renseignements israéliens de mettre sur écoute des agences gouvernementales et des installations sensibles dans le monde, notamment aux États-Unis.

Partie 2 à suivre

L'auteur, Anne Philippe, est spécialiste en intelligence économique et en relations internationales et diplômée de l'Université Panthéon-Assas. Elle a beaucoup voyagé notamment en Europe dans le cadre de ses activités professionnelles. Economiste et financière de formation, elle s'est intéressée très tôt au droit international et aux crises financières en particulier celle de 2008.

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 L'espionnage entre alliés au centre du jeu des grandes puissances occidentales et d'Israël

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Anne Philippe pour France-Soir

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Suite du chapitre I - parties 1 (L'explosion des Nord Streams et la crise financière de 2008), 2 (la déstabilisation d'Atos), 3 (La cession du pôle énergie d'Alstom à General Electric), 4 (le cas Airbus et la prise de contrôle de Gemplus), 5 (Les entrées au capital ou collaborations de sociétés US /UK qui posent question) et 6 (Les cabinets d'avocats US, Palantir, la suspension du FCPA, le Cloud Act)