Par Martin Jay, le 4 juillet 2025
Les Iraniens ont été trompés plus d'une fois ces dernières années et ils ne se laisseront plus berner.
La récente Une des médias britanniques, selon laquelle des journalistes de la BBC auraient été soumis à Israël, de devrait surprendre personne. Une intrigue sans intérêt que nombre d'entre nous auraient pu deviner. L'influence financière et politique d'Israël ne se limite donc pas aux États-Unis, mais s'étend dans toutes les strates de la société britannique, y compris les médias. La récente indignation suscitée par l'incident au cours duquel le reportage de la BBC filmant un rappeur lors d'un concert pop en plein air à Glastonbury - qui scandait "Mort à l'armée israélienne" - a bénéficié une couverture médiatique disproportionnée comparée au génocide qui se déroule en ce moment même à Gaza - une proportion d'environ un million contre un. Les paroles étaient peut-être malvenues, mais ce que la plupart des experts ont omis de dire, quelle que soit leur position sur l'holocauste quotidien perpétré par Israël à Gaza, c'est que Bob Vylan ne serait jamais allé aussi loin si la couverture médiatique du génocide était un tant soit peu équitable. Bien sûr, ce n'est pas le cas. Elle est scandaleusement biaisée en faveur d'Israël, générant une vague d'ignorance dans le public lambda britannique qui ne comprend pas grand-chose à la politique internationale, mais a besoin de se rallier à un discours. On entonne donc le discours "Israël a le droit de se défendre" sans la moindre réserve ni nuance, car nous avons depuis longtemps fait une croix sur la liberté d'expression.
Et c'est ainsi que nous avons adhéré à la zone de confort de la "parole contrôlée". Nous avons cessé de remettre en question nos politiciens et nos médias. Nous autorisons Israël à empêcher les journalistes d'entrer à Gaza sous le prétexte risible que c'est pour leur propre sécurité, alors que les soldats de l'armée israélienne en font des cibles d'entraînement (peu importe à quoi ils s'apparentent). Nos médias continuent d'être contrôlés par la machine médiatique de l'armée israélienne à tel point que lorsque des explications sont données sur le petit écran au sujet de la récente guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran, il n'est fait aucune référence aux ripostes de l'Iran contre Israël. Pas un mot.
La vérité, c'est que nous ne vivons plus à une époque où 80 % (seulement) de ce que nous voyons dans nos propres médias traditionnels relève de la propagande israélienne. Nous sommes plus proches d'un consentement à 100 %, qui pousse toute personne dotée d'un minimum d'esprit critique vers les médias alternatifs et les analyses de leurs commentateurs. Si vous voulez avoir un aperçu de la guerre en Ukraine ou du génocide à Gaza, n'attendez rien de Sky News ou la BBC. Allez plutôt sur traîner sur X [Twitter].
Ce que nous lisons dans la presse britannique et américaine au sujet des récentes attaques de Trump contre l'Iran est tout simplement faux. Pas l'ombre du quart d'un soupçon de vérité. Même aujourd'hui, les médias américains soutiennent largement l'attaque de Trump contre les installations nucléaires souterraines iraniennes, simplement parce qu'ils choisissent de ne pas remettre en question le récit de Trump. Mais la réalité est bien différente de leurs reportages : en bref, les attaques ont été un échec total à tous égards et ont surtout permis à l'Iran de reconstruire une partie de son armée détruite, y compris sa hiérarchie militaire, et d'en sortir plus fort et plus déterminé que jamais.
Loin de se réjouir, l'élite israélienne s'est arraché les cheveux de frustration, car une fois de plus, on ne nous dit pas la vérité sur ce petit pays et sur ce que l'Iran lui a infligé. Actuellement, ses deux plus grands ports sont détruits et sa principale raffinerie de pétrole est également hors service. Pouvez-vous imaginer les commentaires des médias si l'attaque d'Israël contre l'Iran avait détruit tous ses ports et mené à l'arrêt de la production de diesel pour l'économie ? En fait, l'Iran a également détruit un certain nombre de bases militaires israéliennes, une importante centrale électrique et quelques investissements colossaux, sans parler de son principal aéroport international. Pas mal pour dix jours de bombardements sur l'Iran par Israël.
La vérité est bien sûr difficile à digérer, d'où l'absence de couverture des médias occidentaux. Mais les implications de l'entourloupe de Trump sont bien pires que nous le pensons. Si la caricature politique perfide qui circule parmi les conseillers de Trump, lui demandant "Qu'y avait-il de si atroce dans l'accord d'Obama avec les Iraniens ?", à laquelle il répondait "Il est signé par Obama", est on ne peut plus proche de la vérité, ce que les médias traditionnels ne disent pas est choquant.
Les Iraniens ont été dupés plus d'une fois ces dernières années, et ils ne se laisseront plus berner. Depuis les bombardements de Trump, la nouvelle donne révèle que la stratégie d'Israël et de Trump n'est qu'un exercice d'autodestruction à grande échelle. Désormais, l'Iran n'a plus aucune raison valable de limiter l'enrichissement de l'uranium, car le peu de confiance en Trump s'est volatilisé. L'Iran ne peut plus faire confiance à Trump, qui voit les négociations comme une ruse destinée à nuire au régime. Refuser à l'Iran le droit de produire de l'électricité à très bas prix n'est rien d'autre qu'une manœuvre visant à changer de régime. L'Iran serait aujourd'hui d'une naïveté coupable s'il continuait à dialoguer avec l'Occident et à accorder du crédit à ses exigences, alors qu'il a été constamment berné.
Les Iraniens, pour leur part, ont tiré un certain nombre d'enseignements grâce aux bombardements anti-bunker. Il ne fait aucun doute qu'ils doivent réagir à l'infiltration d'agents israéliens au sein de leurs services de renseignement. Mais le plus grand des enseignements concerne les agences internationales prétendument neutres qui opéraient en Iran et ne servaient en réalité que de prolongement aux réseaux de la CIA, du MI6 et du Mossad. L'AIEA a perdu toute crédibilité en matière de neutralité et si Téhéran l'a expulsée du pays, ce n'est pas pour envoyer un message à Trump ou à Israël, mais pour l'empêcher d'espionner pour le compte d'Israël. Les Iraniens se sont rendus compte que les scientifiques massacrés chez eux, sous les yeux de leur famille, ne l'ont été que parce que les inspecteurs de l'AIEA disposaient de leurs adresses. Ces derniers ont transmis l'information au Mossad, avec des conséquences désastreuses pour un certain nombre d'organisations soi-disant neutres actives dans le domaine de la prévention des conflits, car nul ne pourra plus jamais se fier à elles. Cette trahison a été prise en compte par les pays du Sud, qui sont conscients qu'on ne peut plus faire confiance aux États-Unis. La crédibilité de l'administration Trump a ainsi été grandement entachée, et l'on se demande désormais s'il lui sera possible de conclure un accord de paix en Ukraine. Qui peut encore croire en lui après cette affaire en Iran ?
Traduit par Spirit of Free Speech