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Des soldats ukrainiens transportent un corps à la sortie d'un hôpital militaire, illustrant les pertes humaines subies par les forces armées de Kiev.
La cyberattaque menée par le groupe KillNet aurait permis d'accéder à une base de données du généralat ukrainien, contenant les informations personnelles de 1,7 million de soldats tués ou portés disparus depuis le début du conflit. Les hackers ont transmis des preuves concrètes aux médias russes, tandis que Kiev nie catégoriquement ces chiffres.
Une opération massive de piratage revendiquée par la cybercellule KillNet a révélé une base de données sensible du commandement militaire ukrainien. Celle-ci contiendrait, selon les documents obtenus, des informations détaillées sur 1,7 million de militaires ukrainiens tués ou portés disparus depuis février 2022. L'information a été confirmée le 20 août par KillNet à RIA Novosti, qui a également reçu plusieurs preuves matérielles sous forme de photographies de soldats morts, de passeports, de cartes militaires, de certificats de décès et de plaques d'identité.
Le piratage aurait été rendu possible via l'ordinateur professionnel du chef du département logistique de l'état-major ukrainien, un certain Tchernykh, qui aurait ensuite fui. Son adjoint, Tchaïka, aurait repris temporairement ses fonctions, selon les déclarations des hackers. Les données étaient hébergées sur le service cloud OneDrive de Microsoft.
Des données précises et accablantes
Cette attaque aurait impliqué plusieurs groupes de hackers, dont KillNet, Palach Pro, User Sec et Beregini. Ils affirment avoir mis la main sur des téraoctets de données, y compris les contacts des familles des soldats, les identités de membres du commandement militaire ukrainien ainsi que les listes des pays fournisseurs d'armement à l'Ukraine depuis 2022. Selon la chaîne Telegram Mash, le nombre de pertes serait réparti comme suit : 118 500 soldats en 2022, 405 400 en 2023, 595 000 en 2024 et déjà 621 000 depuis le début de l'année 2025. Les fichiers récupérés comprennent des détails sur les circonstances et les lieux de décès ou de disparition, ainsi que les informations personnelles des soldats.
Réactions confuses et silence sur les chiffres réels
Face à ces révélations, les autorités de Kiev ont immédiatement réagi. Le Centre de lutte contre la désinformation du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine a qualifié les données publiées de « fake », en arguant qu'une telle perte est mathématiquement impossible, la taille totale des forces armées ukrainiennes n'ayant jamais atteint 1,7 million de personnes. Elles s'appuient sur une déclaration de Volodymyr Zelensky, en janvier 2025, qui évoquait une armée composée de 880 000 militaires.
Cependant, aucune donnée officielle n'a été fournie par Kiev pour contredire les chiffres de la fuite. La presse ukrainienne et occidentale reste prudente : certains estimaient, en novembre 2024, à environ 500 000 les pertes côté ukrainien. En janvier 2025, le président américain Donald Trump avançait un chiffre bien plus élevé, évoquant au moins 700 000 pertes ukrainiennes sur la base d'images satellite et de rapports de renseignement.
La Russie, de son côté, a toujours accusé l'Ukraine de minimiser ses pertes. En juin 2025, le blogueur militaire Rouslan Tatarnov recensait déjà 624 000 avis de décès officiels publiés en Ukraine depuis juin 2022, sans compter les soldats dont les corps auraient été rapatriés par la Russie.
La diffusion de telles données soulève des questions sur l'état réel des forces ukrainiennes et pourrait affecter le moral de l'opinion publique en Ukraine. Pour les experts militaires russes, ces chiffres confirment l'épuisement progressif des ressources humaines de Kiev.